Second album des "archives " à sortir avant la publication complète du coffret, cet album tournait déjà depuis de nombreuses années sous la forme d'un bootleg assez difficile à se procurer. Sa réputation était fameuse, on le disait rare et sublime. Le voici enfin dans un écrin tout ce qu'il y a d'officiel, avec un son passé à la moulinette, restauré et fignolé, un travail d'orfèvre. L'album a été enregistré sur les terres du Loner, à Toronto, au Massey Hall en 1971. Tout est important, le lieu, la date, la forme...


C'est donc un enregistrement en public d'un concert que Neil donna seul à la guitare ou au piano. Il se situe chronologiquement après la parution d' "After The Gold Rush" et avant celle de son album le plus célèbre "Harvest". Il succède également à la sortie de "Déjà Vu", le superbe album de "Crosby, Stills, Nash & Young". A l'énoncé du nom de ce groupe, l'important c'est l'ordre des noms, en deux partie distinctes: "Crosby, Stills, Nash" d'un côté, "& Young" de l'autre. Neil Young a toujours été différent, même au sein du Buffalo Springfield il se distinguait. Solitaire, à côté, un pied dedans, l'autre dehors. L'immense talent déjà le distingue, même s'il n'est pas encore sous les lumières, il toise, déjà dans l'ailleurs. En rivalité avec Steve Stills qu'il respecte et admire, il se sent l'âme d'un solitaire, quand il fait cette fameuse tournée 71, son nom en haut de l'affiche, c'est en entrant dans la salle que le public constate qu'il n'y a sur scène que trois guitares et un piano...


Allons directement au fait, parmi tous ses albums unplugged, "Silver & Gold" "Prairie Wind" et autres "Harvest moon" qui parsèment, nombreux, sa discographie, celui-ci est certainement le plus sublime, le plus touchant. Jamais il n'a aussi bien chanté de sa voix puissante et claire, fragile et sûre, distincte et précise. Même un non anglophone peut s'y retrouver, la diction est telle que les mots prennent sens et le rendent intelligible. Une sorte de miracle qui abat le principale obstacle qui souvent empêche d'apprécier les performances en solo: tout fait sens, la langue est portée par une voix qui s'ouvre à l'universel.


Tout le monde le sait, Neil est un guitariste hors pair et sa performance à la guitare est en tout point exceptionnelle. Nous n'y reviendrons pas, mais certains morceaux exigent plus, une solennité et une force que seul le piano peut offrir. Ceux qui l'attendaient au tournant y seront pour leurs frais, il arrive à donner une force et une authenticité extraordinaire à certains morceaux comme sur ce "Journey through past" rarement enregistré ou sur "A man needs a maid" qui garde toute sa force malgré la perte des orchestrations qui apparaîtront sur l'album définitif (sans approuver pour autant la servitude conjugale véhiculée par le morceau). Le dépouillement sied d'ailleurs particulièrement bien aux morceaux qui sortiront sur l'album "Harvest" et qui, ici, sont rodés auprès d'un public qui ne les connaît pas encore. On peut même préférer ces versions là, dans l'intimité d'un concert acoustique, elles gagnent vraiment en puissance émotionnelle.

xeres
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs albums de Neil Young

Créée

le 4 mars 2016

Critique lue 589 fois

6 j'aime

xeres

Écrit par

Critique lue 589 fois

6

D'autres avis sur Live at Massey Hall 1971 (Live)

Live at Massey Hall 1971 (Live)
xeres
10

Critique de Live at Massey Hall 1971 (Live) par xeres

Second album des "archives " à sortir avant la publication complète du coffret, cet album tournait déjà depuis de nombreuses années sous la forme d'un bootleg assez difficile à se procurer. Sa...

le 4 mars 2016

6 j'aime

Live at Massey Hall 1971 (Live)
EricDebarnot
10

L'âme nue de l'un des plus grands compositeurs du XXè siècle

En 1971, entre "After the Gold Rush" et "Harvest", Neil Young est dans un tel état de grâce créative qu'il semble pouvoir marcher sur l'eau. Ce que l'on entend sur ces bandes, c'est purement et...

le 3 déc. 2014

6 j'aime

Live at Massey Hall 1971 (Live)
Paul_Beissy
9

S'il ne devait en rester qu'un...

Neil Young... Quelle discographie ! Quelle énergie ! Quelle longévité ! Grand fan de tout ce qui se rapproche de près ou de loin à la guitare, s'il ne devait en rester qu'un dans ma discothèque, ce...

le 23 août 2017

4 j'aime

1

Du même critique

Lanquidity
xeres
10

Un voyage dans le "Space-Jazz-Rock"...

Plus que tout autre, Sun Ra est une bibliothèque, il a parcouru, lu et écrit l'histoire du jazz, de l’intérieur, il a vécu les évolutions et participé aux révolutions. Membre actif de cette longue...

le 28 févr. 2016

27 j'aime

10

Bitches Brew
xeres
10

Critique de Bitches Brew par xeres

Ce qui frappe en premier lieu, c’est la beauté de la pochette créée par Mati Klarwein. On la devine symbolique, plus particulièrement quand elle s’offre déployée, pochette gatefold ouverte. On...

le 5 mars 2016

24 j'aime

9

Both Directions at Once: The Lost Album
xeres
10

Critique de Both Directions at Once: The Lost Album par xeres

« Il » est arrivé ce matin, bien protégé, sous cellophane, belle pochette avec deux triangles découpés laissant apercevoir la sous-pochette… Le vinyle avec le prestigieux macaron « Impulse »,...

le 2 juil. 2018

23 j'aime

7