Minor Love
7.1
Minor Love

Album de Adam Green (2010)

Il n'y a rien de mieux pour se remettre à écrire, qu'un bon petit album de folk, un truc sympa qu'on écoute en même temps que les mots défilent sur le papier - ou ici sur l'écran. D'une manière générale, l'antifolk est mouvement sur et sous-estimé à la fois. En même temps, quand on écoute ce cher Adam Green, le terme "anti" semble un peu fort. A la limite, on aurait pu comprendre dans sa période Moldy Peaches, mais ensuite... J'aurais plutôt parler de "parafolk", mais nous ne sommes pas là pour lancer un débat stérile sur la grammaire des classifications musicales. Passons.

Après cette passade lo-fi avec sa camarade Kimya Dawson, Green sort des albums ici et là, folkisant et fort plaisant, taillés de sa voix blasée et sensuelle que nous autres, hommes, jalousons secrètement. Après Garfield et quelques petit titres fort sympathiques ("Dance With Me"), nous découvrons plus largement le chanteur avec l'album adoré Friends Of Mine. On ne peut décemment pas écrire quelques mots, aussi courts soient-ils sans parler, ou supposer du bout des doigts/des lèvres cet opus. Pourquoi ? D'une part, il recèle de vraies perles; celles-ci s'enchainant sans qu'on s'en rende compte, formant un bien joli bijou en soi. On peut citer "Bluebirds", "Hard To Be A Girl" ou encore le titre éponyme comme de bons gros morceaux pop qui rentrent dans la tête en deux accords et trois notes de violons.

J'avais donc oublié depuis l'album pré-cité notre cher américan loser, me concentrant désormais d'avantage sur la carrière solo de la Moldy au féminin. En effet, monsieur ayant viré un peu crooner, j'avais du mal à faire la transition. C'était dur de passer à ce genre de chant, quand on avait eu le précédent bijou anti-folk. Oui, alors, encore une fois, le terme est à mon sens assez mal choisi. Et ce n'est pas cette album qui nous dira le contraire, tellement on y sent une odeur de Dylan, que très peu dissimulée. Cet album sent la route, la chambre d'hôtel d'Adam, quand il attend son concert du soir dans un bled paumé ricain à souhait. Ouais, et là, si ça c'est pas folk, je comprend plus rien moi. Bref.

Toujours est-il que cet opus musicalement, marque à mon sens le retour à la simplicité. Simplicité du son (le côté chambre d'hôtel), simplicité des musiques: aucune au dessus de 2 minutes. Court et efficace. J'y reviendrai. Adam joue avec notre nostalgie ("Cigarette Burns Forever") , semble tituber, mais revenir comme un Blood On The Tracks du mythique Bob Zimmer. Oui, il doit pas y avoir nombreuses chroniques ou je parle pas de Bob, je sais.
Cependant, il y a vraiment beaucoup de similarités malgré tout, notamment dans l'ambiance, ce côté folkeu désabusé, et même la manière d'arpéger parfois. "Don't Call Me Uncle" devrait ainsi rappeler aux amateurs de bons souvenirs...
Cette parenthèse écartée, l'album est-il bon musicalement ? Car c'est la le seul intérêt, même si la pochette est déjà un cadeau d'humour qui ferait sourire qui n'a pas un balai de trois pouces calé là où on le sait.
Alors cet album est mieux que bon. C'est, comme je l'ai dit, un renouveau, un courant d'air frais dans une discographie certes bonne, mais sentant un peu le renfermé depuis quelques temps.
On ouvre avec "Breaking Locks" qui aurait presque pu être une musique de fin, tellement elle sonne comme telle. Puis le syndrome Adam se met en marche, comme sur Friends. " Ah elle est bien celle là... Oh celle là aussi... Oh mais... Bon je laisse tourner tout l'album".
En effet, Mister Green nous livre ces enchainement de chansons dont il a le secret, avec une intelligence rare dans le tracklisting. Non, je ne contredis pas le talent de ces compositions, mais elles sont réellement bien agencée sur l'album, et croyez moi, ça joue beaucoup! Qui n'a jamais écouté un album de punk basique en se disant "Mais... Ca ressemble à la précédente ça!" Ici, on est loin. Oh bien sur, tout est sur la même ligne de voix sempiternellement grave, mais l'on se laisse voguer, mou. Mais attention ! De la mollesse plaisante. La mollesse du week-end. Vous savez, ces matins de dimanches où même l'énergie semble reposante. "Goblin" en est l'exemple le plus parlant. Un petit rythme nerveux qui semble ne pas y croire lui même. On en sourit, c'est juste cool.

"Minor Love" c'est donc ça, une petite ballade à travers des morceaux simples, ni géniaux ni chiants. Juste ce qu'il faut pour passer une aprèm sympa, ou écrire quelques mots, comme je le disais. La boucle est bouclée.
Invraisemblablement, ça me rappelle Paris. Mais Paris vu dans un film américain. Des bars enfumés aux ballades des rues piétonnes, le ton est assez neutre, chaque musique étant un petit générique de notre vie. Vraiment, dites moi en face que vous ne verrez pas un film débuter sur "Castles And Tassels". Non vraiment, Minor Love fait parti des CDs à qui une écoute suffit. Et comme c'est bien torché (dans tout les sens du terme), on ne s'en lasse pas en plus!

En conclusion, cet album est très bon pour plusieurs points. Bon, il rappelera Friends Of Mine aux nostalgiques, et ça c'est déjà pas mal! Il a un petit côté bien spontané, comme chez les Moldy (La Lofi "Oh Shucks!") et aussi un côté languissant et contemplatif. Et là ou c'est génial, c'est que comme les musiques font 2 minutes donc, on est pas ennuyé de côté "musique calme". Car oui, Adam a vieillit tout de même, et bien qu'on le sente plus posé, son humour de tonton sympa et ses géniales paroles font passer le tout comme une anecdote courte et agréable. Oui, une anecdote de tonton.

Certains diront qu'Adam se ramollit du genou, d'autres qu'il ne fera bien évidemment jamais un second Friends... Là je m'énerverai en disant bien sur que ça serait comme attendre un bon album des Rolling Stones. D'autres encore diront trouveront l'album bien trop mineur et plat, comme le dit son titre. Et d'autres enfin, sauront apprécier un bon album pour sa plus simple simplicité. On le met, on l'écoute, on sourit, on kiffe. Pas de grand discours, pas de solos transcendants, pas de grosses montées ou tensions musicales.
Ce n'est pas plat, les amis... On appelle ça l'élégance.
Shyle
9
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le 9 mars 2013

Critique lue 284 fois

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Chlorine Z

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