Une dernière chanson avant la nuit...
Aux affres de la dépression Nick Drake arrache encore à grands efforts de son âme onze chansons pour 27 minutes de musique. Il n'y a que lui et sa guitare, il n'y a plus de ces arrangements qui faisaient le lustre de Five Leaves Left ou l'entrain jazzy de Bryter Layter. Ici c'est Nick Drake nu qui s'offre à nous. Un Drake rongé par le dépit et la fatigue, mais toujours aussi rêveur, enfoncé dans une tragique spirale de pitié pour son propre sort mais toujours capable de sortir quelques mélodies qui cinglent dans la nuit.
Je ne sais pas si Pink Moon est mon album préféré de Drake... ce que je sais c'est que c'est celui qui frappe le plus directement au cœur. Il faut être bien endurci pour ne pas sentir toute l'émotion qui sous-tend les évocations poétiques de ces quelques miettes grappillées à la dépression et la mort. Ce n'est pas simplement qu'il s'agit d'un chant du soir, mais bien un chant du soir rempli du feu pâle et ardent d'une âme de poète.
Nick Drake ne devait pas survivre deux ans à son dernier effort et l'on peut regretter toute la richesse de musique dont nous a privés la mort mais chaque (nombreuse) fois que je réécoute l'intégralité de son œuvre je suis content que ce soit la voix étouffée de Parasite, ou de Things behind the Sun qui m'accompagne dans la nuit, et quand s'installe le silence à la fin de From the Morning, l'obscurité semble un peu plus magique qu'à l'accoutumée.
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