Californie, Amour

C'est une transition à laquelle je ne m'attendais pas. FIDLAR semblait destiné à être une de ces énièmes comètes rock, vouées à disparaitre après un excellent premier album et dont on allait pleurer les mérites à chaque nouvelle sortie médiocre (voir Bloc Party, Foals, Libertines, toute la vague du rock des années 2000).

Si le premier album semblait jaillir de l'esprit malade de quatre demeurés passant leur temps à se fracturer des tibias en skate ou à prendre des drogues de synthèses, le deuxième sonne exactement comme si la quantité industrielle de mauvais crack avait laissé proliférer une infection dans la guibole de l'un d'entre eux. Si on reste dans du punk très californien dans le rythme et les mélodies, le son est encore plus crade et la moitié des morceaux expérimente dans tous les sens (musicalement et dans les paroles). Mais surtout dans le sens de la dépression.

On est presque invité sur le divan du psy de Zac Carper qui nous hurle son dégoût de la solitude tout en vomissant l'entièreté de l'humanité, titille la misogynie pour aborder une mauvaise rupture en empruntant à l'ambiance du rap (Sober, génial), fait des balades tendres sur sa propre stupidité, sort des pépites pop avec du Brian Wilson dedans... Normalement le punk de base sort 14 albums avant de se rendre compte de la vacuité de son mode de vie. Ici on fait face à la prise de conscience de quatre odieux connards (mais doués) de 28 ans (mais doués) qui se réveille violemment d'une gueule de bois qui a sûrement commencé à l'adolescence dans un quartier crado de la Californie du Sud (probablement avec des caravanes). Grandir c'est pas facile.