Oeuvre de jeunesse de Grant Morrison, auteur dont j'ai plutôt apprécié le run sur la série Batman, j'ai attendu Arkham Asylum avec impatience. C'est peut-être de là que vient ma déception, ou alors du fait que j'ai eu l'impression constante que Morrison me prenait pour un con.

Je vais commencer par le plus agréable : la partie graphique. C'est beau, et même très beau. Un peu incompréhensible par moment, à cause du foisonnement de couleurs et de formes abstraites, mais toujours magnifique. McKean arrive à rendre majestueux les plus ridicules des ennemis du Chevalier Noir ; un exemple avec Maxie Zeus dans une double-page qui dégage une puissance incroyable sur un personnage complétement fade en temps normal. Le joker, qui reste au centre de cette histoire, dispose d'un traitement graphique particulier dont je ne suis pas amateur mais qui permet de rendre compte de sa folie et de son instabilité. Pour résumé, graphiquement c'est le bordel mais c'est beau, et avec un bon scénario on assisterai à l'un des plus grand récit sur Batman.

Et c'est là que ça commence à ramer : le scénario est réduit à néant. Morrison lance des idées comme sur des post-it, pour ensuite les oublier complément. C'est ce qui est frustrant dans ce récit : on annonce beaucoup de chose, mais il ne se passe rien. Le scénario se résume à "Batman rentre dans l'Asile Arkham, il a peur, il rencontre des gens, il s'enfuit", et c'est tout.

Le personnage qui est sensé être central, le Joker, est traité de façon pompeuse et stupide. Dans un premier temps, Morrison nous explique la folie du personnage. En soit, c'est un procédé que je n'aime pas, le charme de cette folie est qu'elle soit inexplicable, ce qu'Alan Moore à bien illustré dans The Killing Joke. grant Morrison à fait la même chose au début de son run, avec sa théorie de la super-personnalité du Joker qui permet de rassembler les différentes attitudes qu'a eu le personnage durant toute sont existence éditoriale. Dans son run, c'était sympathique car bien fait, cela justifie la nouvelle personnalité que Morrison veut donner au Joker tout en mettant en continuité toute l'histoire du Joker. Dans Akham Asylum, l'idée est lancé en début d'histoire, pour justifier des changements d'un jour à l'autre ou d'un instant à l'autre, Sauf qu'au final, Morrison ne s'en sert pas, l'idée est donc lancée pour rien. De plus, les changements sont trop rapide pour justifier les changements éditoriaux qui ont provoqués les changements de mentalité du personnage. Donc ça ne colle pas, ça ne sert à rien, et ça me gène.

La seconde chose que je n'aime pas dans ce récit, c'est qu'il annonce des choses qui n'arrive pas. Je m'explique : le Joker annonce une confrontation entre Batman et ses plus grands ennemis, qui n'arrive pas malgré une présentation desdits ennemis. Cette présentation est plutôt réussie, par ailleurs, ce qui ne fait qu'augmenter ma frustration. On me rétorquera que Morrison joue avec la frustration du lecteur, mais c'est une pratique qui demande impérativement d'être bien faite pour fonctionner, et ici ce n'est pas le cas. C'est grossier, pas très malin, et j'ai cette impression que Morrison me prend pour un con. Pour reprendre The Killing Joke, Moore joue avec la frustration du lecteur à la fin de son récit, mais il le fait intelligemment et pas dans son récit même, mais dans sa conclusion. Ici, Morrison ampute le récit de ce qui aurait dû faire sa force, et de ce que qu'il nous avait promis. Il ne reste donc rien, ou si peu.

Le dernier élément que j'aimerai souligner est l'histoire d'Amadeus Arkham, développée en parallèle à ce récit, qui se trouve être sympathique. Simple, sans réel impact sur l'univers DC ou sur la mythologie de Batman, on retrouve l'histoire d'un homme intimement lié à la folie et victime de l'ironie du sort. Morrison nous livre ici un récit simple, agréable, et sans trop d'ambition ; ce qu'aurait dû être Arkham Asylum dans son ensemble pour devenir un chef-d'oeuvre.

En bref, je passe mon tour sur ce récit, pompeux et vide, mais j'admire le tallent de McKean qui livre des planches incroyables.
Whitechapel
4
Écrit par

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le 24 août 2014

Modifiée

le 24 août 2014

Critique lue 1.6K fois

5 j'aime

Whitechapel

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