Un tel hommage, comme on en demande encore. Matthieu Bonhomme écrit là une véritable lettre d'amour aux récits de Morris.
Pas de Calamity Jane, ni de Billy the Kid, encore moins de frêres Dalton et de Rantanplan. Ici, c'est un Lucky Luke de la première heure que nous retrouvons. Même Jolly Jumper est encore ce cheval qui garde ses pensées pour lui plutôt que de les exprimer à haute voix. Immédiatement, la direction jeunesse qu'a pris Lucky Luke a une époque disparaît. A nouveau, nous retrouvons le Farwest de la vieille époque. Celui plus adulte, et plus sombre, et où une balle tirée est souvent synonyme de conséquences graves.
Et ça fait du bien. Après quelques albums plutôt moyen, notre cow-boy solitaire nous revient dans un style de dessin différent, s'éloignant de celui que les enfants connaissent pour devenir un homme "d'environ la trentaine" qui cache sa solitude derrière une désinvolture certaine.
Enfin, L'auteur parle de son album comme un hommage à Morris. Comme dit plus haut, l'hommage est certain. Non seulement dans le choix de traiter un Lucky Luke encore réaliste, mais également dans quelques références à ses aventures passées. Un pied-de-nez certain à la censure est également opéré à travers un running-gag qui n'échappera à personne.
Bonhomme joue pourtant avec son lecteur. Conscient que ce dernier est un fin connaisseur de la franchise, l'auteur n'hésite pas à dresser de fausses pistes afin de surprendre son public. Il en ressort une histoire plutôt bien ficelée, plus dramatique, et bien moins manichéenne qu'elle n'y parait.
Une réussite !