1887, le jeune Pierre de Nolhac arrive à Versailles avec sa femme Alix et ses deux garçonnets pour prendre ses fonctions d'attaché au château qui joue alors les beaux endormis et n'a pas l'heur de plaire à la récente république, lui le symbole de la monarchie absolue. Il tente d'inventorier les œuvres présentes au château. Cinq années plus tard, il devient conservateur et décide de taper fort pour faire bouger le monument et le rendre attirant.
C'est la vraie histoire d'une vraie personne que je ne connaissais pas, Pierre de Nolhac qui a redonné vie au château de Versailles qui végétait depuis plusieurs années, qui avait subi des transformations sous le dernier roi de France, pas à son avantage. Maïté Labat et Jean-Baptiste Véber scénarisent cette histoire, Stéphane Lemardelé est au storyboard, sur la base des souvenirs des descendants de Pierre de Nolhac et de ses propres souvenirs publiés et plus largement sur l'époque décrite, de 1887 à 1936, date de sa mort. Je n'avais pas à l'idée que ce château si réputé eût pu tomber dans un certain oubli ou plutôt dans une quarantaine certaine et c'est une excellente idée que de retracer l'histoire de l'homme qui a voulu lui redonner son éclat et en faire non pas le "Versailles des rois mais celui de la République" (M. Labat), malgré les oppositions et la réticence des uns et des autres. Les deux scénaristes racontent également la vie personnelle de Pierre de Nolhac et sa dureté envers sa femme et ses enfants -l'époque voulait qu'un homme de sa condition ne laissât pas sa femme travailler et qu'il décidât de l'avenir de ses enfants-, un peu laissés de côté par rapport au château.
Alexis Vitrebert dessine, et là, il faut dire qu'on accroche ou pas. Un lavis noir et blanc à la gouache. Je trouve que ça colle parfaitement au sujet, ça lui donne une classe, une distinction de bon aloi. Pour qui a visité Versailles, il y retrouvera la splendeur, on voit même le marbre des colonnes.
Un album rare et superbe, original. J'aime beaucoup. En lice pour le Prix BD des Lecteurs.