"Le gout du chlore" se lit très vite, dans le calme ou dans le brouhaha, parce que ce petit bouquin donne l'impression de se vivre plutôt que de se lire.
Instantané abouti d'un moment banal, qui réveille les souvenirs enfouis des sentiments adolescents. Vivès capte parfaitement les petits moments d'une amourette naissante, la simplicité des impressions, l'harmonie entre le lieu et les personnes.
On a la sensation, tout au long du bouquin, qu'il ne s'agit pas d'une narration mais plutôt d'une succession de moments entre les personnages et les sentiments, noyés dans des illustrations presque monochromatiques. Comme si jouer sur les impressions des sentiments se faisait au détriment de l'impressionnisme du dessin, utiliser la ligne claire et fine du dessin pour clarifier et quantifier quelque chose qui ne peut être que vécu, l'auteur crée une dysharmonie relative entre le flou des sentiments et la propreté presque stérile de la piscine.
Froideur du decor contre chaleur des sentiments amoureux, même s'il s'agit avant tout d'un essai artistique, on est forcément touché par la finesse du dessin, de l'écriture et par la délicatesse de ses moments racontés.