Une brève histoire de poussière et de cendre - Abélard, tome 2 par Eric17

C'est en discutant avec mon frère que j'ai découvert l'univers de Renaud Dillies. Ma rencontre a eu lieu lors de ma lecture de « Bulles et nacelles ». Le plaisir que m'a fait ressentir chacune des pages de cet album m'a encouragé à poursuivre ma plongée dans la bibliographie de cet auteur. C'est donc vers « Abélard » que m'a porté ma curiosité. Cette série est un diptyque. Le premier tome intitulé « La danse des petits papiers » est une belle réussite. C'est donc avec une impatience certaine que je me suis offert le second opus paru il y a un mois. Son titre est « Une brève histoire de poussière et de cendre ». Edité chez Dargaud, cet ouvrage est un bel objet. La couverture est splendide et les pages épaisses. Avant même d'être immergé, un sentiment agréable nous envahit. Quand on tient le bouquin dans les mains, voir cet ours et cet oisillon, baluchons sur l'épaule regarder cette immense lune qui envahit la nuit étoilée est un réel moment de poésie.


Avant de développer mon opinion sur ce livre, je vais vous placer dans le contexte de l'histoire. Ma précédente lecture m'avait fait découvrir Abélard, un charmant et sympathique oisillon. Naïf et gentil, il a toujours vécu au même endroit et rêve parfois d'aventure. Sa vie va prendre un tournant radical lorsqu'il rencontre la belle et envoutante Epilie. Eperdument amoureux d'elle, il décide de lui décrocher la Lune. Ayant appris qu'en Amérique, il existe une machine qui va dans le ciel, il décide de s'y rendre afin de mener à bien son projet. Sur le chemin, il fait de nombreuses rencontres qui changent sa vision du monde. En effet, tel Candide, il se confronte à une nouvelle réalité. Sa dernière rencontre a les traits d'un ours bourru nommé Gaston. On les retrouve donc tous les deux en route vers un nouveau monde...


Cette aventure s'adresse à un public assez large. La narration prend les traits de ceux d'une fable ou d'un conte. Le fait que les personnages aient des traits animaliers, que certains traits de morale et dictons accompagnent le chemin de nos deux héros. Il me parait indispensable d'avoir lu le premier opus pour profiter pleinement de la lecture. L'atmosphère assez particulière qui l'accompagne fait que les enfants n'y seront pas sensibles. Malgré une trame et des dessins d'apparence enfantine, cet ouvrage s'adresse avant tout aux adultes.


Le fil conducteur est simple. Il s'agit du parcours initiatique d'un petit oisillon plein d'illusion dans un monde inconnu. Son but est simple. Il veut décrocher la Lune pour la belle qui fait battre son cœur. D'apparence assez classique, le scénario est bien plus original que son apparence ne le laisse croire. Les rencontres qui agrémentent son voyage sont riches et ne laissent pas indifférent. C'était déjà le cas dans l'album précédent. Néanmoins, elles prennent ici un ton différent. Le fait que l'éternel optimiste Abélard soit maintenant accompagné du dur et fataliste Gaston offre un balancier à la vision du monde de notre héros. La lecture est envoutante. Cette sensation ne fait d'ailleurs que s'intensifier au fur et à mesure que les pages défilent.


L'atmosphère est intense. Cela fait des années que je n'ai pas lu un récit qui m'a autant touché. Les émotions arrivent par camion en parallèle de l'avancée des aventures d'Abélard. La lecture est quasiment éprouvante tellement l'émotion ressenti pour ce petit personnage est forte. L'empathie est vive. On souhaite qu'il arrive à ses fins. On voudrait l'accompagner pour le protéger. On est heureux de voir Gaston le prendre sous son aile. L'immersion dans cet univers généré par Renaud Dillies et Régis Hautière est unique. On est captivé et touché.


Du côté des personnages, deux prennent la plus grande place. Il s'agit d'Abélard et de Gaston. Leur duo fonctionne merveilleusement. Leurs différences les rapprochent et s'enrichissent mutuellement. Ils ont des manières très différentes de montrer l'attachement qu'ils ont l'un pour l'autre. Pendant que l'un se montre expressif, l'autre derrière une carapace très rigide démontrer son affection par les actes. Les personnages secondaires qui croisent leur chemin sont travaillés et possèdent une vraie épaisseur bien que certains ne soient que de passage. Rien n'a été bâclé, bien au contraire.


Toute cette magie serait impossible sans la qualité des illustrations. Je suis tombé amoureux de ce style. Malgré une apparence simple, les dessins sont splendides et travaillés. Il s'en dégage quelque chose d'indescriptible mais qui ne laisse pas indemne. Les regards des personnages sont de véritables chefs d'œuvre d'une émotion rare. Le fait que les cases soient relativement grandes permet à chacune d'entre elles de posséder une vraie existence. On a alors tendance à s'arrêter sur chaque case pour en profiter pleinement. Cela a pour conséquence de nous voir prendre du temps pour profiter entièrement de notre lecture.


Pour conclure, je ne sais pas quoi rajouter pour vous inciter davantage à découvrir « Abélard ». Cet album est un des rares à m'avoir autant touché. Quand on ferme le bouquin, on est bouleversé, complètement envahi par un grand nombre d'émotions. On ressent le besoin de faire autre chose pour diluer cet afflux de sentiments. Cette sensation est rare et je vous déconseille vivement de passer à côté...

Eric17
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le 16 oct. 2011

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