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Ce quatrième épisode de l’ère Daniel Craig dans la peau de James Bond signe neuf ans d’évolution. Une évolution lancée par Casino Royale jusqu’à Spectre aujourd’hui, véritable représentant d’une volonté des scénaristes et producteurs de faire grandir un personnage à travers une saga qui pouvait donner l’impression d’enchaîner aventure sur aventure. Après un Skyfall ovationné, cette nouvelle aventure continue exactement sur la lancée que celui-ci avait enclenché. Mais paradoxalement, peu y trouvent leur compte.


De là se pose une question assez logique: pourquoi ? Pourquoi donc reprocher à un personnage d’évoluer dans la logique même de ce qu’il était dans le précédent volet ? On pourrait croire que c’est le simple fait que Skyfall est devenu indétrônable et que le public s’attendait à mieux, mais non. Tous les critères sont d’ailleurs réunis, du réalisateur qui reste à la barre aux scénaristes qui continuent à écrire sur leur lancée. Ayant laissé James Bond dans un MI6 réunifié avec une nouvelle Moneypenny, un nouveau Q et un nouveau M, il est parfaitement normal de le voir aujourd’hui retourner à cette forme classique et attendue qu’avait les James Bond d’antan ; à savoir une aventure qui l’emmène aux quatre coins du monde, aux prises avec une organisation tentaculaire. Rétablissant la tradition du gunbarrel en ouverture de métrage, Spectre est un pur produit old-school, un épisode rectiligne qui continue (beaucoup plus habilement que dans Skyfall) de s’amuser avec les règles de la série, mêlant l’héroïsme démesuré (une courte poursuite en avion) à la finesse d’un personnage pour qui tout semble simple. Si certains pourront lui reprocher d’être quelque peu balancé entre modernisme et tradition (un sentiment tout à fait légitime), voir d’autres claironner qu’il est d’un autre siècle paraît insensé tant 007 représente cette figure de l’homme riche, charismatique et bien dans sa peau. En somme, c’est reprocher à James Bond d’être James Bond.


Mais outre cet étonnant paradoxe, c’est le plaisir de voir un personnage comme James Bond évoluer si brillamment depuis Casino Royale qui reste l’attraction principale. Voire que Daniel Craig s’est amouraché du personnage au point de mettre de côté presque tous les anciens interprètes avant lui. Spectre est un divertissement pur et dur (loin d’être idiot), loin de la séance psychanalytique Skyfall. L’amorce d’une nouvelle époque pour la série, qui devra désormais décider elle-même de son futur, à savoir si elle continue sur cette voie ou repart encore à zéro. Il y a des séries comme Mission : Impossible qui sont reconnus pour leur évolutivité, et d’autres comme celle des 007, réjouissantes car toujours dans l’optique de servir au public le cocktail parfait d’action, de classe et de dépaysement. Il convient ici de se demander pourquoi on préfère regarder une des deux séries plutôt que l’autre. Personnellement, je vais voir un James Bond pour voir un film de James Bond.

Florian_Bodin
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le 11 nov. 2015

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Florian Bodin

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