99 francs est l’exemple type de l’oeuvre qui déçoit forcément les spectateurs mal ciblés et qui reçoit des critiques catastrophiques de la part des bien-pensants qui croient détenir la vérité artistique. Mais Jan Kounen a l'habitude, vu qu'on ne peut oublier les propos assassins qu'il y a eu envers son film Doberman. Mais celui-ci, 99 francs, est un film qui sent le souffre, qui dépeint une réalité tellement surréaliste qu’on ne veut pas la croire, qui nous ouvre les yeux sur un monde merdique et une société aliénée… Oui 99 francs c’est une grosse claque dans la gueule, de celles qui font bien mal en plus. Mais en plus de ça, c’est l’exemple du film qui transcende complètement le matériau d’origine, comme si le roman de Beigbeder n'existait que pour l'attente d'une adaptation cinématographique. Ou comment un film qui avait tout pour devenir un gros succès tout public devient une oeuvre à la fois expérimentale et subversive, l’air de rien. Jan Kounen montre qu’il est toujours aussi virtuose avec une caméra en main. C’est bien simple, dans 99 francs il doit y avoir 10 idées nouvelles par plan, ce qui dépasse l'entendement. C’est le genre de film que toute personne intéressée par la technique du cinéma se doit de voir plusieurs fois pour tout capter. Mais le spectateur lambda qui adhère au film doit le revoir également tant Kounen use et abuse de références à d’autres oeuvres, cinématographiques ou publicitaire.. Il cite à tour de bras Terry Gilliam, David Fincher, Wong Kar Wai, sur un plan, un mouvement de caméra ou quelques notes de musique, on est transporté vers des souvenirs. Il brise les tabous, abolit la frontière entre réel et imaginaire, signe un film qui possède tout le potentiel pour devenir culte en régurgitant à la manière de son anti-héros Octave toutes les défections qu’il a avalé. Et le tout porté par une bande d’acteurs au sommet avec en tête un Jean Dujardin qui confirme avec panache son talent versatile et un Jocelyn Quivrin délicieusement surprenant. 99 francs est une oeuvre sincère, qui n'a pas rencontré un grand succès public ( il faut dire que l'ego de certains prend une sacrée claque.. ) C'est un film sans concession et visuellement éblouissant, à mi-chemin entre Fight Club et Las Vegas Parano. Et avec Jean Dujardin, Kounen trouve l’interprète parfait et envoie le spectateur dans un trip mémorable. Drôle et créatif, 99 francs est un film à voir.
Guimzee
8
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le 19 mars 2015

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Guimzee

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