Il était une fois à Manchester, une famille de mafieux. Depuis trois générations, ils perpétuent la belle tradition familiale de l'extorsion de fonds, de la vente de drogue, de la vengeance à main armée, du braquage en tout genre. La seule chose finalement qu'ils n'ont pas dans leur business modèle, c'est les putes. Ou alors ils n'en parlent pas devant la caméra. Mais, on se doute bien que vu le climat pourri mancunien (oui, j'aurais appris un adjectif pendant ce documentaire), cela n'est pas forcément ce qu'il y a de plus florissant.

Comme toute famille de mafieux qui se respecte, ils sont ultra-catholiques, ils font plein de gosses - la première génération pionnière comptait 14 garçons et filles, ils ont des grosses gourmettes en or bien clinquantes, ils financent le club de boxe local, ils ont un jeune chanteur qui rêve de faire la carrière de Sinatra et ils ont une légende (dorée évidemment) : ils étaient si pauvres qu'ils devaient voler les clôtures des voisins pour faire chauffer leurs fish and chips.

Le documentaire se concentre sur la figure du parrain actuel, Dominic Noonan, crâne rasé, chemise et cravate pour faire intégré dans la société, gourmette en or et curieusement unvieux Nokia tout pourri, preuve qu'être mafieux c'est d'abord un travail de proximité. Après avoir passé 23 ans derrière les barreaux sans avoir encore atteint la quarantaine, il décide de se ranger et de participer à la vie du quartier. Et c'est cela le plus fascinant dans le film, c'est de voir à quel point il joue un rôle important dans la communauté du nord de Manchester : retapant des vieilles ambulances pour les transformer en fourgon blindé low-cost (il fallait y penser), il s'est transformé homme à tout faire. A la fois policier (il est appelé en même temps que la police pour certaines affaires), banquier pour faire fructifier les économies des pauvres gens, défenseur de la veuve et de l'orphelin, animateur de bar, et éducateur (il est entouré d'une nuée de jeunes boutonneux aux crânes tout aussi glabres que le sien), grâce à lui le quartier respire la tranquillité. Du moins en apparence.

Le personnage en soi est tout à fait sympathique, assez drôle, émouvant par moment quand il raconte son enfance et on est plutôt content quand il se fait acquitter lors de ces nombreux procès. Et la scène de l'enterrement du frère est tout à fait hallucinante, respectant tous les clichés du genre, du cercueil bling-bling à l'accolade virile et réconfortante des autres parrains qui sont venus soutenir la Famille.

Alors pourquoi que sept ? C'est un documentaire anglo-saxon et cela se sent. Voix-off un peu moralisatrice, horrible filtre sépia qui essaye de mettre quelques couleurs dans le morne ciel anglais, gros plans moches, surexposition, musique répétitive soulignant à gros trait le propos ("Sinnerman de Nina Simone trois fois). Je suis bien contente de pas l'avoir vu au ciné.

Mais au moins maintenant, j'ai quelques idées pour réussir ma reconversion.

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le 8 avr. 2011

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Socinien

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