Les lendemains qui déchantent
Nous sommes en mai 1945, à quelques jours de la fin de la guerre. Un commandant canadien, dirigeant un camp de prisonnier, s'accommode avec l'officier supérieur des allemands captifs afin de faire régner l'ordre et le calme. C'est à ce moment que deux déserteurs allemands sont attrapés et amené dans les baraquements, une arrestation qui va changer bien des choses.
Giuliano Montaldo signe là un film fort où il tente de mesurer le poids d'une vie humaine face à l'arbitraire de la loi militaire et aux enjeux de guerre et de paix. Si le film prend nettement le parti des déserteurs, avec un Franco Nero parfait en homme rebelle et libre, il se garde bien de centrer son film sur eux. En effet la caméra de Montaldo va bien plus s'attarder sur les rapports et les états d'âme des deux officiers, l'allemand et le canadien, face aux différents problèmes qui naissent dans le camps.
Ainsi il n'est pas possible de déterminer de réel salaud/méchant dans tout ceci, les enjeux dépassant les hommes. Ici on traite plus de l'acceptation de ses enjeux: que ce soit le refus, la peur, la résignation ou l'obéissance aveugle.
Des considérations qui broient petit à petit les hommes et les transforment en simples rouages d'une mécanique meurtrière et implacable.
Plus que de l'absurdité de la guerre on assiste ici à une peinture de l'absurdité des hommes, ces hommes qui s'accrochent à des repères arbitraires comme à des rochers au lieu de s'interroger sur le sens de leurs actes.
Bref un très beau film à la mise en scène percutante où seule une lumière quelque peu approximative (la source unique en intérieur et des extérieures où la lumière du jour ne peut être contrée occasionnant une image délavée ou sur-exposée) vient trahir un manque de moyen certain. Néanmoins ce serait une injustice de s'arrêter à ces considérations là tant le film est une réussite à tous les autres niveaux.