Aguirre, la colère de Dieu par Alligator
J'avoue d'entrée ma grande déception. A la sortie de la salle, j'avais le sentiment désagréable de ne pas en avoir eu pour mon argent.
L'histoire n'est pas venue me chercher. Je l'ai suivi sagement ce film, patiemment, en attente d'un moment grandiose qui me révèlerait la vérite du film. Il n'en a rien été.
J'ai cru remarquer les liens avec Apocalypse Now, que j'aime beaucoup. Liens tellement imposants que la sensation de redite prend une large part à ma déception. J'imagine.
Que nous dit le film qu'on ne sait déjà? Que les hommes face à l'adversité, face à l'impersonnelle et âpre cruauté de la nature sauvage sont si malmenés que leurs profonds désirs comme leurs failles intimes, cachées se révèlent vite de bien plus fatals périls que la jungle et les indiens cannibales. Les méandres de l'âme humaine se montrent bien plus tortueux que ceux que parcoure l'équipée soit disant civilisatrice. Le corps malmené pousse rapidement l'homme au bout de lui même ; alors la cupidité et l'ambition deviennent d'insurmontables obstacles, les véritables ennemis de la raison. LA folie prend le dessus. Le film prend alors des airs de farce, avec des dialogues comiques ("la tendance est à la flèche longue" dit un type qui vient d'en recevoir une dans la jambe). Ce ne sont pas des araignées qui courent au plafond mais des macaques qui se cachent en grappe sous le canon. Aguirre se prend pour Dieu, l'El Dorado lui fait perdre la raison. Que la vie est dure. Bref, dans des conditions extrêmes, l'homme est amené à perdre une part de son humanité, celle qu'il a construite au gré des siècles, ce qu'on appelle la civilisation ou la culture, il retrouve alors ses instincts bestiaux. Retrouvailles brutales et dérangeantes. L'homme est donc amené à affronter ses démons intérieurs. Rien de nouveau.
Pour arriver à tout cela, Herzog construit un récit presque nonchalant. Les longs plans au fil de l'eau, sur les plis de l'onde sereine, à l'écoute du vent dans les hautes ramées ou bien face aux visages attentifs, ahuris ou patients, pleins de rêverie ou d'angoisse des hommes et femmes, tous ces longs plans donc s'ils sont parfaitement légitimes vis à vis de l'histoire qui nous est racontée ne sont pas parvenus à me faire oublier leur longueur. Malgré leur cohérence avec le récit, ces plans m'ont incroyablement barbé. Je me suis emmerdé comme rarement. J'avais faim, certes, l'heure de projection (midi) n'était pas la plus idéale, mais tout de même, cela ne suffit pas à expliquer le degré d'ennui et la hâte d'en finir qui me tenaillaient le cervelet.
Kinski quant à lui, ne m'a pas impressionné. Je m'attendais à quelque chose de plus fort, de plus halluciné dans son regard. Sa gestuelle rigide m'a paru à certains moments trop posée, trop démonstrative et facile même.
Une autre chance plus tard? Qui sait.