Burton au pays des dollars
On commençait à la craindre, puis la chose s'est avérée : Tim Burton est mort. Et une nouvelle machine à sous est née.
On se rappelle du Burton des années 1990 : un artiste terriblement inventif, drôle, parfois génial, toujours unique. Les années 2000 avaient déjà vu planer l'ombre de son déclin - bien que le niveau ne fût pas encore honteux. Puis vint l'an 2010.
La première chose qui frappe en voyant "Alice in Wonderland" version Burton/Disney, c'est sa fantastique laideur formelle : a-t-on déjà vu une photographie aux couleurs si dégoulinantes, si faussement sombre, des graphismes si disgrâcieux, une utilisation des effets spéciaux si indigeste ? Et qu'on ne parle pas du fameux "univers" de Tim Burton : si ce film fait bien du mal à quelque chose, c'est à cet univers désormais placé sous le signe du dollar et caricaturé par son propre auteur ...
À l'horreur esthétique s'ajoute l'inconsistance scénaristique complète. Non content d'avoir fichu en l'air son propre univers, notre ami Tim (désormais prostitué aux studios Disney - ceux-là mêmes qu'il avait quittés pour devenir un vrai cinéaste) se permet d'en faire autant avec celui de Lewis Carroll, oubliant l'absurde et la folie ambiante pour la bête histoire des gentils contre les méchants.
Heureusement, Burton n'est pas seul pour s'enfoncer dans l'abîme - son ami Johnny Depp l'accompagne, lui qui fut bon acteur (si, si) en son temps, et qui n'est désormais juste bon qu'à faire sinistrement le clown et à attirer les billets ...
Si cette "version" d'"Alice in Wonderland" a un mérite, c'est celui de faire assister le spectateur à la phase terminale d'un cinéaste ; quant à Johnny Depp, même à côté d'une Alice des plus insipides, ne serait-ce que devenir crédible lui semble maintenant impossible.
Qu'ils reposent en paix.