ALIEN: dans l'espace, personne ne vous entend crier... (et oui Kubrick avait raison, il n'y a pas de bruit dans l'espace puisqu'il n'y a pas d'air) je me souviens fort bien de cette phrase publicitaire à double-sens pour vendre l'oeuvre de Ridley Scott. Trop jeune pour voir le film en salle, interdit aux moins de 13 ans à l'époque, je ne l'ai découvert qu'en vidéo plus tard (ah la VHS à l'image approximative et au format recadré!)
Malgré tout le film m'avait viscéralement accroché... depuis l'avènement du DVD puis du blu-ray, ALIEN confirme son statut d'oeuvre majeure de l'horreur spatiale. Alien, ce n'est pas de la SF, il ne suffit pas de montrer un vaisseau dans l'espace et trois écrans qui clignotent pour parler de SF. La science est un prétexte à ce cauchemar situé dans le fin fond du cosmos et sur une planète peu accueillante...
Scott et son équipe ont crée un film au visuel époustouflant: décors monumentaux - la chambre avec les milliers d' œufs par exemple - côtoyant des espaces réduits propres à titiller notre claustrophobie - le capitaine du Nostromo se faufilant dans un conduit. L'étranger sorti de l'imaginaire du peintre H.R. Giger est un extra-terrestre jamais vu auparavant: athlétique, agressif, morphologiquement effrayant. Il a marqué tout un pan du cinéma fantastique - cette tête allongée avec sa double mâchoire.
Le scénario est plutôt mince mais le casting a été judicieusement choisi car il donne au film son côté réaliste: Sigourney Weaver crève l'écran, autoritaire ou fragile, mais il y a aussi John Hurt - qui est au centre de la scène la plus troublante de toute la saga Alien - première "victime" dans le film, il "accouche" violemment d'un E.T. pas content - graphiquement cette scène a dû choquer des générations de femmes enceintes!
Ian Holm joue avec conviction un être synthétique limite schizophrène, Veronica Cartwright concentre en elle toutes nos frayeurs, elle est géniale. Le reste du casting apporte un peu de légèreté à cette fable traumatisante. On passera sur certains effets éculés mais efficaces : comme l'emploi du pauvre chat qui passe son temps à "grogner", à se cacher et qu'on lance - au sens propre - dans le champs de la caméra pour faire sursauter le spectateur. Bien sûr la scène de la navette est cousue de fil blanc mais l'idée de camoufler notre méchant "alien" au milieu de la tuyauterie est une trouvaille qui marque toujours les esprits.
Le film aux images léchées garde encore son potentiel horrifique et dépaysant de par le soin apporté à l'histoire, à la photographie, aux personnages et n'oublions pas à la musique signée Jerry Goldsmith. L'ensemble confère son intemporalité à une oeuvre qui fête ses 36 ans !
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