Cette critique sera celle des 4 films que la saga compte aujourd'hui.
En 1979, Ridley Scott réalise pour son deuxième film, Alien. 33 ans plus tard, l'œuvre est un des films fondateurs de la science-fiction au cinéma. Trois suites sont venues compléter la saga qui pourrait bientôt en comprendre un cinquième opus avec l'énigmatique Prometheus même si Ridley Scott nie la corrélation. Une sage devenue culte portée par le personnage d'Ellen Ripley (Sigourney Weaver) que même Jean-Pierre Jeunet réussira en 1997 à sortir de la mort.
Alien de Ridley Scott (10/10) :
Que dire ? C'est sans doute l'un des dix meilleurs films de science-fiction que le cinéma ait pu créer. Tout est une question d'ambiance dans ce film. Les longs plans-séquence dans les couloirs silencieux du vaisseau laissent place aux plans horrifiques de l'alien qui surprend à chacune de ses apparitions. On ne sait jamais vraiment d'où vient cet alien, comment est-il né (intervention humaine ou pas ?), à quoi sert-il pour les humains ? Tout ce qu'on sait, c'est qu'il sème la terreur et tue les uns après les autres les membres de l'équipage dans ce qui peut être considéré comme un « slasher de l'espace ».
Au-delà de l'aspect horrifique certain du film, c'est aussi l'occasion pour Ridley Scott de filmer le microcosme du vaisseau. C'est toute une petite communauté que le réalisateur s'amuse à filmer. Et l'on ne s'étonne guère de voir l'androïde plus humain que les autres membres de l'équipage. Dans les relations sociales artificielles, il faut noter la présence de « Maman », gigantesque ordinateur de bord du vaisseau qui n'a rien à envier à HAL 9000 de 2001, l'odyssée de l'espace. Le parallèle est obligatoire.
Il est intéressant de noter l'évolution de cette petite communauté face à l'alien qui les décime les uns après les autres. Comment réagit-on face à la peur ? Face à la mort ? Comment lutte-on pour survivre ? Sommes-nous égoïstes ou solidaires dans une telle situation ? C'est finalement à une véritable sociologie que nous convie Ridley Scott, celle d'un groupe d'individus qui sait que sa fin est proche.
Enfin, il faut mentionner le personnage d'Ellen Ripley rentré dans les annales du cinéma. Clairement le personnage le plus complexe, Sigourney Weaver incarne brillamment cette ambiguïté qui la lie à l'alien, relation qui ne cessera d'être développée dans les quatre films et qui trouvera son aboutissement dans l'opus de Jean-Pierre Jeunet.
Aliens : le retour de James Cameron (6/10)
C'est sans doute le moins réussi de la saga. Et pourtant, bien que n'étant peu convaincu à ce que je considère comme une industrie cameronienne, il faut avouer que le film est loin d'être raté.
L'ambiance du premier épisode est totalement balayée. Il n'y a plus un mais des aliens. Le changement est radical puisqu'on passe d'un huis clos horrifique où la menace était unique à un déluge de sang, de violences où la mort peut arriver n'importe où, n'importe quand.
Le travail du cinéaste est bien moindre que celui de Ridley Scott tandis que le film part à peu près dans tous les archétypes du genre : la violence, le sang, la surenchère, des militaires qui ont ce qu'il faut là où il faut, une dose de romance, des dialogues creux, un duel final pour finir le film comme il faut.
Et pourtant, c'est bien fait. On est pris dedans. Et c'est finalement assez jouissif. Si Alien a perdu sans doute de son âme, le spectacle est au rendez-vous.
Alien 3 de David Fincher (8/10) :
C'est sans doute celui avec Jean-Pierre Jeunet qui a réussi à se débarrasser de la tutelle envahissante de Ridley Scott pour imposer son style sans dénaturer l'âme de la saga.
C'est sans doute le volet le plus sombre même si on ne retrouve pas l'ambiance oppressante du premier. La palette de couleurs utilisées pour la photographie correspond assez bien à ce qu'on retrouvera plus tard dans la filmographie du réalisateur.
C'est clairement un retour aux sources : la multiplicité des aliens est oubliée pour n'en laisser à nouveau qu'un seul. La scène de la poursuite de l'alien (en vue subjective) dans les couloirs du vaisseau, magnifiquement filmée, est un véritable hommage aux scènes dans les couloirs aussi inquiétants de Ridley Scott.
La grande force du film réside dans ceux qui entourent cette fois-ci Ripley. Ce sont des prisonniers, des criminels qui doivent faire le « sale boulot ». Sans armes, on sent très vite que la fin va être tragique dans ce film résolument pessimiste. La fin, en effet tragique mais aussi sublime, semblait mettre un point final à la saga.
Alien : la résurrection de Jean-Pierre Jeunet (7/10) :
5 ans après David Fincher, Jean-Pierre Jeunet relance la saga au grand dam des fans qui trouvaient que David Fincher leur avait offert la fin idéale. Jeunet, connu alors principalement pour La cité des enfants perdus au style visuel et à l'imaginaire développés et à une photographie déjà sublime, fut choisi sans doute pour la force de son univers capable de renouveler alors la saga.
Visuellement, c'est peut-être en effet le plus beau Alien. Si scénaristiquement, on fait revivre Ripley d'une façon un peu alambiquée, il faut avouer tout de même que le film est assez prenant. Résolument plus scientifique, on y apprend enfin les tenants et les aboutissants sur l'utilité des aliens.
Enfin, ce film marque l'apogée de la relation érotique qui a toujours lié Ripley et les aliens. Si les fans ont largement dénoncé ce film comme mauvais, il convient aujourd'hui de le réhabiliter. S'il a annihilé la très belle fin du volet de David Fincher, il n'en reste pas moins un bon moment de cinéma d'horreur et de science-fiction.