Pour certains couples, l'amour n'est pas seulement, au fil du temps, une notion qui disparaît pour se transformer en quelque chose d'habituel, d'ordinaire. Il peut être encore réel et intact soixante ans après la première rencontre.
Georges et Anne sont des octogénaires heureux, cultivés et épanouis. Jusqu'au jour où cette dernière est atteinte d'une attaque cérébrale, qui lui paralyse la moitié du corps. Son mari va s'occuper d'elle malgré son âge, malgré la difficulté de la tâche, malgré la pudeur.
Le cinéma d'Haneke est brute, sans fioriture. Les mouvements rares de la caméra ainsi que la longueur des plans permettent aux sentiments d'être authentiques. Le quotidien est filmé avec minutie, car la force du film tient dans ces décors et ces objets qui parsèment ici et là l'appartement. Ce dernier fait partie intégrante de l'amour du couple, et si nous sommes dans un huit-clos à l'ambiance étouffante, il y a par opposition une ambiance sereine qui se dégage de ces lieux.
La justesse doit être le maître mot de cette oeuvre et arrive à imprégner la pellicule à chaque instant grâce à des dialogues pertinents (on pense à Caché notamment pour ses scènes de couple). Mais malgré ce réalisme, le cinéaste se plaît toujours à jouer entre la notion de rêve et d'inconscience, qui donne au récit cette touche surréaliste inattendue mais ô combien intéressante.
Amour ne vise pas le pathétisme, juste la véracité des évènements qui, avouons-le, nous touche au plus profond de nous. Il est en effet passionnant d'observer ce lien qui unit Georges et Anne, car s'ils se disent peu de choses, c'est dans leurs regards que tout passe. Voir ce duo d'acteurs à l'écran en connaissant leurs carrières respectives est très touchant, car c'est paradoxalement pour eux une renaissance dans le monde du cinéma.
Ici l'amour ne se dit pas, il se prouve.
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