Amour, de Michael Haneke, laisse un goût amer au spectateur étant donné les nombreuses déceptions et actes manqués qui fourmillent dans ce métrage. La flopée de Césars et la Palme d'Or qui lui ont été décernés en 2012 et 2013 restent pour moi de monumentales et incompréhensibles erreurs de jugement.
Si les comédiens principaux, à savoir Jean-Louis Trintignant, Emmanuelle Riva et Isabelle Huppert, nous livrent ici une prestation plutôt honorable voire touchante à certains moments (quand Isabelle Huppert pleure par exemple, ou bien quand c'est Emmanuelle Riva qui pleure), on ne peut pas en dire autant de la direction d'acteurs, bien trop timorée.
Une absence radicale de rythme et d'audace dans le jeu éloigne peu à peu le spectateur de ces personnages, et c'est fort malheureux. Les occasions pour faire effectuer des cascades un peu enlevées et risquées aux acteurs ne manquent pourtant pas, que ce soit dans la cuisine, par exemple, ou bien dans la chambre. On aurait aussi apprécié assister à un combat d'arts martiaux entre Jean-Louis Trintignant et Isabelle Huppert dans le salon, d'un style un peu nerveux, à la John Woo, lorsque se fait jour leurs divergences d'appréciation face à la maladie d'Emmanuelle Riva. Mais non, rien. Aucune implication physique des comédiens ne semble être à l'ordre du jour. Juste une désespérante paresse.
Ensuite, le script et la mise en scène ne sont pas en reste niveau médiocrité.
Cela partait pourtant d'une bonne intention, et on sent de la part de Michael Haneke une sincère volonté de bien faire, il est vrai. Mais il ne mobilise malheureusement pas tous les moyens et efforts nécessaires pour parvenir à ses fins. Un exemple parmi tant d'autres : le film s'appelle "Amour", comment dès lors justifier l'absence totale de scène de sexe ? Pas même un plan un peu coquin. C'est au mieux maladroit, mais c'est surtout à mes yeux un manquement grave pour la crédibilité de son histoire.
De façon général, le scénario ne brille que par sa décevante absence d'audace et de surprise. On devine des les premiers instants du film quel personnage va mourir. C'est l'évidence même et ce n'est même pas caché. Et dès lors, aucun suspense ou rebondissement ne vient pimenter les 2 longues heures que comptent ce film jusqu'au dénouement fatal. Un twist final aurait été la moindre des choses, une maigre récompense pour la patience du spectateur, du genre : celle que l'on croyait morte revient à la vie pour un dernier combat, un classique toujours efficace, mais non. Rien. Cardiogramme plat pendant 2 heures.
Ensuite, le couple formé à l'écran par Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva sont censés être d'anciens professeurs de musiques, on serait donc en droit d'attendre une bande originale de qualité. Mais non, la musique intradiégétique jouée dans le film, via le piano ou des CD, a littéralement plongé mes tympans dans le coma. Du Schubert... quel choix inapproprié alors qu'une œuvre de David Guetta (par exemple) eut engendré bien plus de rythme et d'attrait au film.
La photographie du film, quant à elle, est juste morne et déprimante, que des tons sombres et fades, dans des plans sans contraste. Il faut dire que la volonté (incompréhensible) du réalisateur de ne mettre aucun effet pyrotechnique dans son film n'aide certainement pas.
D'ailleurs, parlons-en : le fait qu'il n'y ait pas la moindre explosion dans ce métrage, alors même que de nombreuses occasions rendaient cela possible (par exemple un accident électrique au niveau de la cuisinière), reste pour moi une omission incompréhensible et coupable.
Et je ne parle pas de l'absence totale à l'écran d'un quelconque animal mutant ou robot géant pour donner un minimum d'épaisseur à son histoire.
En définitive, il faut admettre que Michael Haneke met une sacré mauvaise volonté à rendre son film un tant soit peu appréciable. Aux vues de tous les manquements cités, il devient difficile de lui trouver des excuses. S'il partage avec Michael Bay son prénom, force est de constater qu'il lui reste encore du chemin à faire pour pouvoir espérer se hisser au niveau d'excellence de ce dernier.
Nul / 10