Amy
7.2
Amy

Documentaire de Asif Kapadia (2015)

C’est quand on l’entend chanter avec seulement une guitare dans les mains, sans arrangements, sans tralala, sans rien, et c’est quand on prend pleinement conscience de sa voix ensorcelante, quelque part entre Nina et Janis, cette voix au-dessus des autres, ce timbre qui tonne et qui chavire, et c’est quand arrive ces moments que l’on mesure alors l’immense gâchis d’un immense talent foutu en l’air, parti en fumée en trois fois rien, à peine le temps de deux albums, de quelques cures de désintox et d’un mal de vivre carabiné. Winehouse, Amy Winehouse. C’était elle, elle qui chantait Rehab et qui en avait marre, de chanter Rehab.


Tout ça, la célébrité, les paillettes, les tubes, elle n’aimait pas. C’est un monde qu’elle tentait de fuir. Elle aimait d’abord le jazz, elle aimait Tony Bennett, et puis l’alcool, et puis les drogues, les pures et dures, et puis son petit copain qu’elle avait dans la peau, genre amour noir tatoué là sur sa poitrine comme du poison. Ce qu’elle voulait par-dessus tout, c’est être avec lui et se fracasser. Elle aurait donné sa vie pour lui, disait-elle. Amy, c’était une petite fille encore, une midinette amoureuse et défoncée, boulimique, accroc, jetée en pâture sur les scènes et dans les journaux, et des vautours autour. Ultra-fragile, la baby doll, qui balardait sa vie et ses chagrins en rimes dans ses chansons.


C’est ce que montre le documentaire, bouleversant et triste, d’Asif Kapadia. Une Amy sensible, vulnérable et destructible, proche de tout ce qu’en a dévoilé la presse people, et en même temps loin, presque différente. Ce qu’il montre aussi, de façon prononcée, c’est la déchéance finale, la toxico, le concert raté à Belgrade, le cadavre recouvert d’un drap (intérêt zéro), ces images en trop qui ont tournées en boucle, à l’infini sur les écrans du monde. Sensationnalisme gênant, superflu, exacerbant inutilement ce que l’on sait déjà et semblant jouer le jeu des tabloïds qui se régalaient de sa chute et de ses souffrances. Ne pas l’omettre bien sûr, mais simplement le dire. Ne pas le montrer encore et encore et encore… La nausée un peu. Et des rêves de décence, de respect pour une dernière révérence.


Article sur SEUIL CRITIQUE(S)

mymp
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le 22 juil. 2015

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mymp

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