Le Capitaine Willard, un officier dépressif et alcoolique chargé de sales boulots d'éliminations se voit charger une mission fort spéciale. Il devra trouver et éliminer le Colonel Kurtz, qui serait apparement devenu fou et aussi un Dieu pour une tribu d'indigènes, éloigné du conflit. Willard, avec son équipe, devra traverser l'enfer du conflit à travers différents lieux et différentes étapes pour se rendre jusqu'à lui. Dans cette orgie de folie, de massacres et d'incertitude, Willard comprendra de plus en plus la position de Kurtz tout en mettant un peu plus en doutes sa perception des choses.


Avant toute chose, je dois préciser que cette courte critique ne parlera pas de la nouvelle version du film mais bien de celle sortie en salle. Dans un début d'action simple, monotone et disons le, à la limite de l'ennuyant, Coppola sort son spectateur de sa torpeur et le mène vers une voyage monstrueux où l'horreur émerge subitement pour ne plus jamais partir dans un film qui a à sa façon, révolutionner le film de guerre américain. Artistique, stylistique et tout autant critique, Coppola signe un film absolument inoubliable et dantesque, dans la lignée des deux films du Parrain mais ici, immergé à 100% dans la folie d'un conflit que bien des gens préféreraient oublier. Il est vrai qu'on va loin, peut-être parfois trop loin mais néanmoins, l'intention était de transmettre la folie et l'horreur du conflit, ce qui est terriblement réussi. De tous les films du même genre, aucun ne s'est autant introduit dans la noirceur de l'être humain avec autant de poésie et d'atmosphère que le film de Coppola.


C'est de voir à quel point Coppola frappe à coup de machette dans la culture américaine et ses idéologies. Les États-Unis, qui se citent souvent comme les polices du monde, sont dépeint dans une absurde et dégoûtante peinture d'abus de pouvoir et de corruption. Apocalypse Now se fait un point d'honneur de montrer que cette supériorité n'est qu'illusion et que la grandeur de conflit dépasse de beaucoup. Quand un capitaine de bateau, armée jusqu'aux dents se fait transpercer par une simple mais léthale lance d'aborigène, on ne comprend que mieux la situation. Le travail pour les décors et les effets spéciaux est gigantesque, spécialement dans la scène d'attaque du village. Si cette scène, magnifiquement réalisé nous plonges en plein coeur dans un tourbillon de violence et d'incompréhension, c'est à partir du massacre du bateau de pêche que tout l'espoir fond au soleil. Scène absolument dégeulasse et d'une intensité rarement vue,


Il n'y a pas à dire, Apocalypse Now dégage une sublime poésie horrifique, doublement exploité à l'arrivée du Capitaine dans le village contrôlé par Kurtz. Coppola joue avec les ombres dans un travail entre le symbolisme de Bergman dans le Septième Sceau et sa beauté stylistique par Orson Welles. On ne peut pas voir Kurtz et Kurtz non plus ne veut pas être vu, quittant toujours l'image pour retourner dans le noir. Que dire aussi de sa progression, dans un type parfait de récit de voyage et de périple d'apprentissage où finalement ici le contraire arrive. Car au bout du voyage, c'est la fin de l'humanité qui se pointe dans un chemin qui le fait perdre peu à peu. Sa rencontre avec le très intense Colonel Kilgore le fait entrer violemment dans un monde basé sur la destruction comme essence et un étrange côté positif où ce dernier ne s'empêche pas entre deux bombardements, d'envoyer des hommes faire du surf pour son bon plaisir. Personnage monstrueux mais dont le charisme lui donne une incroyable grandeur, Kilgore sortira même une des citations les plus cultes du cinéma américain, qui résumera parfaitement sa personnalité coloré et son côté monstrueux en affirmant son amour pour le napalm. Truffaut disait qu'il voulait voir dans un film l'amour du cinéma et le dégoût de ses capacités, ces moments en sont presque le pamphlet.


Les performances sont tous absolument sublimes ici mais le sont davantage pour les acteurs de soutien mais d'une importance capitale à l'expérience que par le personnage principal, bien joué par Martin Sheen mais incomparable à la performance désespéré d'un Brando hypnotique, à la folie speedé d'un Dennis Hooper complètement cinglé ou a l'énergie débordante et violente d'un Robert Duvall démentiel. Comme dans tous les voyages d'apprentissage, le héros se forme à partir de ces rencontres et Coppola a eu l'oeil juste en donnant de l'importance aux personnages secondaires tout en rendant son héros plus effacé.


Un des plus grands films américains et un chef-d'oeuvre dont la méritation est plus que mérité. Comme disait Rogert Ebert, si nous sommes chanceux nous vivrons toujours dans notre paradis de fou et Apocalypse Now, aussi fou et intense soit-il, immerse son spectateur dans l'expérience la plus proche possible de l'enfer.

abba
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le 3 oct. 2015

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