Pas parfait, mais d'une beauté hallucinante
Il y a encore quelques Ghibli que je n’ai pas vu, et je m’empresse de le faire. Après Nausicaa (film absolument splendide, une vraie baffe), j’ai décidé de m’attaquer a Arrietty, film d’Hiromasa Yonebashi, sorti dans les salles obscures le 12 janvier 2011. Arrietty est une chapardeuse, un minuscule être a l’apparence humaine, vivant avec ses parents sous le plancher d’une maison de campagne. Ceux ci, pour survivre, dérobent de petites choses aux humains, toujours sans se faire voir, auquel cas ils sont obligé de déménager. L’histoire commence lorsque Sho, un jeune garçon, arrive dans la maison pour se reposer avant une grave opération du coeur, et qu’il voit Arrietty au détour d’une de ses escapades.
Alors, autant le dire tout de suite, Arrietty n’est pas au niveau des autres films de Ghibli, surtout ceux de Miyazaki. Il faut dire que la barre est tellement haute qu’elle est presque, aujourd’hui, inatteignable. On va commencer par les points négatifs. Tout d’abord, Arrietty est un film beaucoup plus intimiste que la plupart des Ghibli, et l’action se déroule dans un seul lieu, c’est a dire la maison. Ce qui est logique, somme toute, mais du coup on ressent beaucoup moins l’aspect "aventure initiatique" du film, et on voyage moins. Arrietty est un film qui prend plus son temps que les autres, et on pourra y trouver des avantages et des inconvénients. La plupart des personnages sont aussi assez pauvres dans leur écriture, et hormis Arrietty, jeune fille forte, intègre et pleine de valeurs idéales, on ne sent pas vraiment une personnalité profonde dans ceux ci ( au contraire des chefs d’oeuvres de Miyazaki, comme Porco Rosso, Mononoké, Chihiro, et tant d’autres, ou chaque personnage est charismatique). Sho, par exemple, est assez plat, sans relief, et son destin que l’on pense tragique n’a pas vraiment d’impact sur le récit. Si le père d’Arrietty est assez classieux, sa femme est tout bonnement insupportable, passant son temps à gémir pour un oui ou pour un non. Et je déteste les personnages hypers sentimentaux. Haru, aussi, est fade, en tenant le rôle du méchant sans relief. Mais même avec ces défauts non négligeables, Arrietty est un très bon film, que je trouve assez sous estimé, probablement car il souffre de la glorieuse réputation du studio. Si vous devez regarder ce film, c’est pour une chose. Il est diaboliquement beau. C’est absolument hallucinant. Ghibli a toujours pratiqué un style entièrement fait à la main, avec des décors absolument somptueux dans la précision et les couleurs, et on échappe pas à la règle. Ici, petit taille oblige, on plonge dans les herbes, les tréfonds d’une maison, on rencontre la rosée, les fleurs, les insectes. Et moi qui suis fan des films a la Microcosmos (ça, la, c’est génial), qui proposent un nouveau regard sur le monde à travers la miniaturisation, je suis tombé amoureux devant les décors. Le travail de Ghibli à toujours été fantastique, mais là, la précision et la composition des tableaux dépasse tout ce que j’ai vu dans les films du studio. C’est limite indescriptible, mais la nature est magnifié d’une telle manière qu’on ne peux s’empêcher de faire pause pour admirer la magnificence des champs de fleurs, la perfection des moindres brins d’herbe, les innombrables détails sur les pierres. Et les intérieurs aussi sont fantastiques… Le genre de film qui décolle la mâchoire pendant 1h30, et je n’ose imaginer les heures de travail derrière. De plus, la BO, composé par Cécile Corbel (une française, cocorico), apporte un véritable vent de fraîcheur avec ses mélodies à la harpe. On s’éloigne du style d’Hisaishi, et c’est tant mieux.
Un beau, très beau voyage, donc. La poésie et la finesse habituelle est toujours la. Et si le propos et l’écriture ne rivalise pas avec les chefs d’oeuvres du studio, Arrietty nous emporte avec elle, dans ce monde splendidement peint. Quand je vois ça, je me dit que la 2D bien faite, c’est définitivement au dessus de tous les films d’animations en 3D standardisée qui sortent dans les cinémas.
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