Autumn Blood
5.3
Autumn Blood

Film de Markus Blunder (2013)

On sait que les bandes annonces de films sont là pour donner envie au spectateur. On sait également que bien des fois, ces dernières sont trompeuses et la déception pointe le bout de son nez une fois le visionnage du film effectuée. Mais parfois, une bande annonce peut-être trompeuse dans le bon sens du terme, c’est à dire qu’elle prend le spectateur à contrepied en lui faisant croire comme pour ce Autumn Blood que le film va être un survival de haute montagne bien speed tout ce qu’il y a de plus sympa, alors qu’au final, le résultat est tout autre et surtout bien meilleur que s’il était resté dans quelque chose de classique.

Co-production américano-autrichienne, Autumn Blood a été entièrement tournée dans les montagnes du Tyrol en Autriche. Autant le dire tout de suite, visuellement le film en jette. Les décors naturels sont tout bonnement sublimes et forment un personnage à part entière du film, un personnage immense et au silence oppressant, dans lequel va se dérouler une histoire, elle aussi très silencieuse.
Autumn Blood brille en effet par sa quasi totale absence de textes. Comptez en tout et pour tout, pour 1h40 de film, à peine une 20aine de lignes de dialogues. Markus Blunder prend le pari de faire passer la quasi totalité de l’histoire par les émotions de ses personnages, et il y arrive haut la main. Autant cela peut déstabiliser la première quinzaine de minutes, autant on se rend vite compte qu’il se dégage pour le coup une grande puissance, rendant l’ensemble tout simplement envoutant. Même la musique, pourtant assez présente, sait se faire discrète, toujours calme et posée, et au volume réglé au strict minimum pour garder intacte cette ambiance étrange et de plus en plus pesante qui se dégage du film à fur et à mesure que les minutes défilent.
Markus Blunder s’amuse avec ce rythme lent qu’il instaure durant toute la première heure. On sait que le scénario va bien finir par exploser à un moment ou à un autre suite à la scène où la jeune héroïne est victime d’un viol, mais à aucun moment il ne joue avec nos nerfs. Même quand la traque en pleine montagne arrive lors de la dernière demi-heure, le film bien que plus mouvementé reste le plus silencieux possible.

L’histoire qui nous est comptée est des plus simples, mais étrangement à aucun moment le réalisateur essaie de répondre à nos interrogations. Pourquoi le père des deux bambins est tué dès les premières minutes du film ? Pourquoi ces trois jeunes gens s’en prennent à la jeune fille et à son petit frère ? Quels sont les réels sentiments du personnage incarné par Samuel Vauramo envers l’héroïne ? Pourquoi le petit village semble aussi craintif envers son maire incarné par un Peter Stormare (Fargo, Prison Break) impeccable ? Beaucoup de questions restent sans réponse, mais pour le coup, cela donne encore plus de force à l’histoire qui va crescendo sans jamais tomber dans la violence visuelle gratuite. On a beau parler ici de viol et de traque sauvage, il n’est jamais question de giclées de sang, décapitations et autres effets gores (contrairement au « Blood » du titre). Les amateurs de sensations fortes seront clairement déçus. Le métrage aurait d’ailleurs perdu de sa puissance s’il était parti dans cette direction là, devenant pour le coup un survival movie tout ce qu’il y a de plus classique. Mais en optant pour cette quasi totale absence de dialogues et de sang, on a cette impression agréable d’innocence, de mystère, un peu comme le personnage central féminin parfaitement interprété par Sophie Lowe (la série Once upon a time in Wonderland), tout en retenu.

Autumn Blood surprend par la direction que lui fait prendre son réalisateur, choix qui laisseront certains indifférents mais qui pourtant lui donnent une ambiance tout simplement envoutante. Une très charmante réussite.
cherycok
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le 21 avr. 2014

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