Critique : Bachelorette (par Cineshow)
Présenté au Festival de Deauville il y a quelques semaines alors qu’il bénéficia uniquement d’un direct-to-vod Outre Atlantique, Bachelorette arrivera dans nos salles le 17 octobre prochain. Et si le casting ainsi que la bande-annonce annonçaient un cocktail détonnant au moins aussi bien que ce que nous avions pu découvrir dans Mes Meilleures Amies (l’une des meilleures comédies US de 2011), dans les faits on est assez loin du résultat escompté même si l’ensemble ne demeure pas désagréable. Il faut dire qu’avec Very Bad Trip et Mes Meilleures Amies, le genre a connu en peu de temps quelques très bonnes références tantot masculines tantôt féminines, où les gags s’enchaînaient avec efficacité grâce à une pincée de drogue et de trash toujours maîtrisés. Un savant mélange qui évitaient de plonger tête baissée dans la vulgarité au profit d’une bonne dose de rigolade issue de situations toutes plus improbables les unes que les autres ,mais ayant comme dénominateur commun le contexte du mariage.
Avec Bachelorette, l’idée est un peu similaire puisque les trois “bitches” du lycée se retrouvent à New York pour fêter le mariage de la quatrième garce qui se révèle assez vite être malgré tout la cinquième roue du carrosse. Elles sont jeunes, belles, maigres, sexy, elle est grosse, un peu pataude et vulgaire, et poutrant, c’est elle qui a décroché le ponpon en épousant un gars pas vraiment moche. Une pilule difficile à avaler pour les filles dont les sentiments alternent entre joie partagée et haine intrinsèque. Des retrouvailles sous le signe de la jalousie qui vont rapidement signifier injection de substances illégales pour désinhiber tout le monde, engendrant le drame à la veille de la cérémonie à savoir l’atomisation de la robe de mariage…
Cette nouvelle comédie n’apporte donc rien de bien nouveau sous le soleil mais demeure l’occasion pour la réalisatrice Leslye Headland d’adapter sa propre pièce de théâtre et d’enchaîner les situations bordéliques jusqu’au petit matin, confrontant d’autant nos personnages à la dure réalité : elles ne sont plus les queens of the night. Contrairement aux deux films pré-cités, l’intérêt principal de Bachelorette réside dans le fait que les personnage que l’on nous donne à suivre se révèlent assez vite être trois vraies connasses que l’on aurait bien envie de gifler si nous devions nous les coltiner au quotidien. Et pourtant, derrière ces portraits peu flatteurs que l’on ne tolère qu’en raison de leur physique, se dissimule une vraie empathie sur fond de nostalgie de notre jeunesse. La prise de conscience de l’âge adulte et de la fin progressive de l’époque post-lycée n’est pas toujours évidente, une expérience dans la douleur pour certaines provoquant un vrai regain d’intérêt au fur et à mesure que les personnalités véritables ressortent. Elles n’ont plus 18 ans, ne sont plus aussi jolies (point discutable) qu’avant et surtout s’accrochent par tous les moyens à cette époque révolues qu’elles combattent lors d’une dernière nuit de folie (ou pas).
La recette est éculée mais fonctionne grâce au casting de filles que l’on aime avant même d’entrer dans la salle. Kirsten Dunst, Lizzy Caplan et Isla Fisher s’associent ici pour provoquer un cocktail électrique franchement efficace, un véritable atout pour ce film qui en présence d’inconnues n’aurait pas forcément marqué les esprits car niveau mise en scène, l’ensemble demeure assez fadasse pour ne pas dire pire. Des planches à la pellicule, le gap est là et Leslye Headland ne s’y sent visiblement pas totalement à l’aise. Se concentrant sur les gags écrits pour les faire se suivre sans vraie recherche de mise en scène, la réalisatrice n’exploite pas le potentiel réel offert par le cinéma et se contente de construire son film comme une pièce de théâtre géante en extérieur. Ca provoque souvent le sourire voire la bonne rigolade, mais dans la seconde moitié Bachelorette s’essouffle et tombe dans une routine assez pesante malgré sa courte durée (1h27).
Redondance des situations, longueurs à déplorer, vulgarité parfois mal venue (pourtant je suis souvent friand de la grosse blague qui tâche mais ici, c’est parfois un peu too much et pas toujours drôle), les poids s’accumulent avec les minutes pour aboutir sur un finish trop classique au regard du boxon qu’est le reste du film, comme si toutes les bonnes idées avaient été injectées au début du long-métrage sans réserve pour la dernière partie. C’est assez dommage car Bachelorette ne se termine pas forcément sur le ressenti positif que l’on aurait souhaité provoquant un sentiment en demi-teinte une fois la lumière dans la salle revenue.
C’est surement bête à dire mais un peu plus de finesse dans la grosse blague n’aurait pas été de refu. Il manque à Bachelorette ce qui permettait à Very Bad Trip où à Mes Meilleures Amies de fonctionner à 100%, cet esprit border-line toujours maitrisé qui balançait régulièrement et avec talent entre les séquences de pure blague et la sous intrigue apportant une série d’enjeux supplémentaires. Et si la volonté ici était très certainement identique, le fait est que le résultat ne convainc clairement pas autant que les hits évoqués plus haut malgré le regard attendrissant que la réalisatrice porte ses personnages en pleine prise de conscience sur la nécessite de passer à une vie adulte. Au final, une comédie féminine sous acide pas déplaisante mais clairement anecdotique. On en attendait bien plus !