Nous tombons pour mieux apprendre à nous relever
Gotham City n'est plus, elle sombre dans la décadence, d'un côté la misère croit, de l'autre la violence monte. Les Wayne vont bientôt en subir les conséquences. En sortant d'un opéra, et devant les yeux de leur enfant, impuissants face à un braquage, ils mourront.
Après les noirceurs gothiques des "Batman" de Burton qui avait signé deux petites merveilles, puis les loufoqueries colorées et naïves de Schumacher, voici la vision torturée et réaliste de Nolan. Alors que Burton mettait l'accent sur les adversaires du justicier de Gotham City, Nolan lui préfère rendre hommage à la torture perpétuelle de Bruce Wayne et de son alter ego, mettant presque plus en avant le milliardaire déchu que l'homme au masque noir.
La mise en scène est souvent intimiste mais devient floue et rapide pendant les grandes scènes d'action, comme si la rage intériorisée en Bruce Wayne se déchaînait sous les traits de Batman. Choix technique compréhensible, il en reste une désagréable impression pour le spectateur de ne pas voir ce qui se passe. Malgré cette légère déception, il n'en reste pas moins que le plaisir que Nolan nous procure est immense.
La comparaison avec le Comics est plutôt satisfaisante. Bien sur des libertés existent, en particulier sur des personnages tel que Ra's Al Ghul. Ceux qui pensaient qu'Alfred creusait la batcave, construisait la batmobile, mettait au point tous les gadgets, sans oublier les tâches ménagères courantes du manoir, vont certainement être surpris. Pour l'exemple, la célèbre automobile de l'homme chauve-souris, devenue au fil du temps l'objet des plus grands délires artistiques, se rabaisse à une espèce de tank utilisé pour le pontage. Les parents de Bruce Wayne vont mourir non pas à la sortie d'un cinéma mais ici d'un opéra. Ceux qui prennent pour référence scénaristique les précédents opus seront forcément étonnés de constater que le Joker n'est pas le meurtrier de la famille Wayne ou que Bruce découvre la future batcave bien avant cet assassinat. En définitive, un petit recollement avec l'esprit d'origine du comics qui illustre le renouveau d'une série en perte de vitesse.
Quel choix judicieux de prendre Bale. Cet acteur est certainement le meilleur Batman incarné. Attention Keaton en son temps était très bon, mais il n'avait que peu de scènes pour s'exprimer. Liam Neeson en mentor maîtrise le registre et ne faillit pas, au contraire il gagne encore en prestance. Mais il faut dire que tous les acteurs sont globalement grandioses que se soit Morgan Freeman, Michael Caine, Rutger Hauer ou encore Gary Oldman tous sont parfaits. Je peux dire être moyennement convaincue par Katie Holmes, non pas qu'elle soit mauvaise mais plutôt fade.
Un joli petit virage qui permet à Batman de reprendre un peu du poil de la chauve-souris, un exploit dû à un Christopher Nolan sobre et retenu, préférant la crédibilité à l'exubérance.