Black Swan est un film qui demande un peu de temps pour être pleinement appréhendé. En sortant de la salle, j'avoue avoir été un brin dubitatif, en me disant avoir vu là un bon film, mais sans atteindre le nirvana. Après l'avoir quelque peu digéré, mon point de vue a sensiblement évolué. Peut être car Aronofsky ne fait pas vraiment dans la dentelle et martèle les thèmes du film à coup de masse.
Paranoïa, schizophrénie, parallèle gloire/mort, avec toute une mise en scène qui ne laisse pas vraiment de place aux doutes (contrairement à ce que je pensais avant d'entrer dans la salle), les thèmes sont rapidement clairement exposés. Ajoutez à cela le fait qu'il ne fait guère de doutes non plus que la trame du film va suivre celle du Lac des Cygnes, telle qu'expliquée par Vincent Cassel himself...
Pourtant cette mise en scène joue sa carte à fond, et l'impression de sombrer dans les tréfonds d'une âme perdue (celle de Nathalie Portman, qui tient le film à elle tout seule, sa prestation est assez stupéfiante !), forcée de se lâcher jusqu'au point de non retour pour atteindre la perfection, est franchement bien amenée. Hallucinations, fantasmes, faux-semblants, transformations physiques (subtiles d'abord, et ce dès le début du film), illusions sonores, contraste constant blanc/noir (vêtements et décors), Aronosky sort l'artillerie lourde ! Mais ça marche ! Car la barrière entre la transformation psychologique de la danseuse et son aspect physique se désagrège petit à petit, plongeant le spectateur dans une lutte blanc/noir, une lutte cygne blanc/cygne noir, une lutte Nina/Lilly ou plutôt Nina/Nina jusqu'à la superbe scène du cygne noir. Et même plus encore, jusqu'à... la fin, inévitable.
Un film qui mérite incontestablement une deuxième vision pour être correctement décortiqué, tant il est riche. Et encore un fois pour la prestation de Nathalie Portman qui atteint là la perfection, comme son personnage. En espérant un destin différent...