Il faut toujours jaugée une oeuvre selon son contexte (même que c'est Pavel qui l'a dit) et c'est pourquoi, j'ai généreusement doté BLADE RUNNER d'un 5, et non d'un 4 qui me faisait pourtant de l'oeil en minaudant. Mais alors ? Pourquoi cette sévérité alors qu'une atmosphère dithyrambique enrobe ce long-métrage des années boules-à-facettes ?

D'abord parce que la première séquence, d'une longueur aberrante et d'un intérêt peu manifeste pour nous, petits citadins du monde accoutumés aux grèves des éboueurs, aux problématiques de pollutions atmosphériques en tout genre (CO2, lumière, méthane...) et à la gratte-cielisation intempestive, n'a rien pour nous émouvoir. La Terre, on sait ce que c'est : un caillou rond en péril, sali, noirci, pourri par notre suractivité quotidienne. Ca a peut-être fait des vagues en son temps, aujourd'hui, ça ne fait qu'enfoncer un clou qu'on connaît trop bien. D'autant que le film n'est pas aussi révolutionnaire qu'on veut le prétendre :

1968 (quand même !) : 2001 L'ODYSSEE DE L'ESPACE. Premier plan : noirceur de l'univers, planète dans le champ, musique tonitruante qui claque. Problématique : une machine avec une conscience fait chier le peuple. Does it ring a bell ?

1972 : Mad Max : Un héros pas si héros se trimballe dans un monde perverti où réside des méchants en costume SM hyper folichons. Looks like a deja vu, doesn't it ?

(Star Wars en 1977 aussi hein)

Bref. Les circonstances ne sont finalement pas aussi favorables que ça à la mise sur piédestal de ce film, vieillot, certes, mais somme toute pas si innovant. Voilà pour le contexte.

D'autre part, et d'autres critiques l'ont déjà souligné, le jeu des acteurs est insupportable, ce qui malheureusement, dans un scénar fondé sur les variations de réponses émotionnelles entre humains et robots, constitue un vrai VRAI problème. Les pistes sont totalement brouillées par l'impuissance dramatique continuelle des acteurs, trop éteints ou hyper-réactifs. Ca pourrait poser la question de la capacité de l'Homme à concevoir l'absence totale d'émotions et surtout, à la simuler (comme dans Equilibrium par exemple). Mais en fait, ça fait juste chier. C'est déjà pas très clair à la base, alors si personne n'y met du sien, ça devient impossible.
Anahane
8
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le 9 déc. 2012

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3 j'aime

Anahane

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