D'abord homme de théâtre (acteur de ses propres pièces), Sacha Guitry se converti au cinéma à partir d'une auto-adaptation, Pasteur en 1935 (exception faite du documentaire Ceux de chez nous en 1915, préhistoire de sa filmo). Aussitôt après il enchaîne avec Bonne chance, première fiction originale de sa part pour le grand écran, imposant plus clairement son style. Ce film aura son remake américain dès 1940 (Double chance de Lewis Milestone).


Conformément à tout ce que sera son œuvre par la suite (le « chef-d'oeuvre » Le roman d'un tricheur est pour l'an prochain), le ton est badin, assez exalté sans perdre en aplomb, les calembours abondent. Guitry imagine une forme d'amour jubilatoire, sans gravité ni sentiments trop profonds. Le plaisir et les gratifications malicieuses sont sa seule boussole ; les scènes superfétatoires se multiplient avec bonheur, le scénario est plutôt un agglomérat de rebondissements plus ou moins grands, rarement surprenants, toujours pétillants. Certains dialogues sont fulgurants (« Vous aimez la forme de mon crâne ?! Alors ne dites pas non ! »).


Guitry affiche son talent comique sans se poser de limites ni se tracasser des 'règles de l'art'. Il essaie des techniques parfois neuves, s'emballant à l'occasion (les volets omniprésents pour signer les enchaînements, au début). Dans un court passage en voiture, il feint d'expliquer à sa partenaire le tournage de telles scènes au cinéma. Il s'agit d'insolence plus que de défiance, mais ces provocations et tout le cortège de vanités agaceront profondément la critique ; au contraire du public, couronnant Guitry de succès au théâtre comme en salles, y compris après les présomptions de trahison portées à son encontre lors de la Libération.


https://zogarok.wordpress.com/2015/10/03/bonne-chance/

Créée

le 2 oct. 2015

Critique lue 645 fois

5 j'aime

Zogarok

Écrit par

Critique lue 645 fois

5

D'autres avis sur Bonne chance !

Bonne chance !
Grimault_
9

La folie des gens heureux

Bonne chance raconte l’histoire d’une jeune femme (Jacqueline Delubac) et d’un homme plus âgé (Sacha Guitry), qui se souhaitent un jour « bonne chance » après s’être rencontrés au hasard d’une rue,...

le 21 juil. 2019

28 j'aime

8

Bonne chance !
Torpenn
8

Une Delubac à lauréat

Une heure vingt de charmante comédie légère comme on ne sait plus en faire... Un vieux et une jeunette gagnent au loto et partent en voyage dépensier avant que la belle ne rentre épouser son débile...

le 2 juin 2011

21 j'aime

3

Bonne chance !
Sergent_Pepper
8

Surprise : a song of two humans

Premier long métrage original de Guitry, Bonne Chance contient toute la fantaisie singulière qu’il va développer par la suite. La thématique de la chance qui nourrit le récit est en pleine adéquation...

le 3 mars 2021

15 j'aime

2

Du même critique

La Haine
Zogarok
3

Les "bons" ploucs de banlieue

En 1995, Mathieu Kassovitz a ving-six ans, non pas seize. C'est pourtant à ce moment qu'il réalise La Haine. Il y montre la vie des banlieues, par le prisme de trois amis (un juif, un noir, un...

le 13 nov. 2013

49 j'aime

20

Kirikou et la Sorcière
Zogarok
10

Le pacificateur

C’est la métamorphose d’un nain intrépide, héros à contre-courant demandant au méchant de l’histoire pourquoi il s’obstine à camper cette position. Né par sa propre volonté et détenant déjà l’usage...

le 11 févr. 2015

48 j'aime

4

Les Visiteurs
Zogarok
9

Mysticisme folklo

L‘une des meilleures comédies françaises de tous les temps. Pas la plus légère, mais efficace et imaginative. Les Visiteurs a rassemblé près de 14 millions de spectateurs en salles en 1993,...

le 8 déc. 2014

31 j'aime

2