Boudu (Michel Simon), il a perdu son chien, et il n'avait personne d'autre au monde. Alors il décide de se flanquer à la Seine. Mais un bourgeois au grand coeur, libraire de surcroît, Edouard Lestingois (Charles Grandval) décide de le sauver. Il l'héberge, le vêt, le nourrit. Mais Boudu n'a jamais appris à dire merci, n'aime pas les conventions bourgeoises et mène sa vie selon sa propre vitalité. Boudu saccage leur appartement, ce qui pousse Mme Lestingois (Marcelle Hainia) à vouloir le chasser, mais il séduit cette bourgeoise délaissée, que son mari trompe avec la bonne, Anne Marie. Le double adultère finit par être découvert, et Boudu ayant gagné 100 000 francs à la loterie décide de se marier avec Anne Marie (ce n'est pas très clair). Mais la barque des mariés se renverse, Boudu disparaît. Il a en fait préféré disparaître, vole les habits d'un épouvantail et recommence à rouler sa bosse.
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Drôle de film sur les différences de classe. Derrière une gaudriole qui pourrait facilement tourner au médiocre (un clochard sème le désordre dans un ménage bourgeois), Renoir parvient à instiller par moment un vrai malaise. Malaise tant devant la bonté réelle, mais souvent assez paternaliste du bourgeois ; malaise devant la rudesse et l'ingratitude de Boudu. Les acteurs sont très bons : derrière Simon, toujours au sommet, mention spéciale à Granval pour le bourgeois bonhomme, cultivé et inconséquent.
L'atmosphère est très bonne, on retrouve la critique des conventions bourgeoises chère à Renoir, avec toujours cette ambiguïté qui me fait dire qu'il a pour elles un rapport d'amour-haine. Le film possède beaucoup de belles scènes en extérieur, et donne par exemple à voir les extérieurs de Paris (les quais de Seine) ou encore des berges avec des canotiers genre Meudon ou Nogent, comme dit la chanson. La douce France. De beaux plans sur les eaux, à la fin. L'image est fort belle, de manière générale.
Pourquoi pas plus, alors ? Parce que les dialogues m'ont semblé un peu faible. Le film ne démarre vraiment que dans son dernier tiers, les sottises de Boudu auparavant étant un peu étirées et répétitives. Le rythme est lent, un peu trop, comme dans bon nombre de ces films des débuts du parlant.