De tout ce qui nous a été donné de voir en matière de cinéma indépendant cette année, Brick se détache par la virtuosité de sa mise en scène au service d’un script hyper conventionnel. De quoi s’agit-il ? Rian Johnson s’inspire du film noir des années 50. De cet hommage, il préserve la trame et personnages stéréotypés (le « détective » néophyte, la femme fatale, les indics, les mafieux…). Il transpose le tout dans le milieu d’une banlieue quelconque, avec ses us et coutumes et donc les protagonistes sortent à peine de l’adolescence. Et c’est là toute l’ingéniosité de ce polar d’une rare authenticité, à laquelle s’ajoute une réalisation inventive et culottée, ponctuée des plans très aériens soulignant une tension perfectible, et des cadrages, au sens propre, plus terre à terre et pesants (les personnages présentés systématiquement par les pieds, nombreuses scènes au raz de sol…). L’intensité volontairement dramatique nous tient en haleine quasi jusqu’à la fin qui se vautre un peu mais sans altérer l’ensemble. A toutes ces qualités, il faut ajouter l’interprétation très marquante de Joseph Gordon Levitt (déjà saisissant dans Mysterious skin) qui en lycéen détective de fortune apporte à ce premier film toute la pertinence du propos. Après Echo Park L.A, Sundance nous apporte une fois de plus une bien belle surprise.