Il y un parfum de maturité du côté du cinéma belge qui arrive enfin à s'extraire du triangle Dardenne-Poelvoorde-Belvaux pour travailler la fiction au corps. Mais pas n'importe quelle fiction : peut-être le film "à personnage" le plus abouti de ces dernières années made in Belgium. (Ou comme le générique l'indique "made in Flanders"). Descente assez profonde dans l'univers de la frustration existentielle, Bullhead est comme un coup de poing dans la gueule. Il y a bien un côté un peu déjà vu dans la façon dont les destins s'entrecroisent, mais cette sensation floue de personnages qui ne comprennent finalement pas eux-mêmes ce qui les pousse vers l'avant est savoureuse. Un peu comme dans la vraie vie, ils se rendent compte qu'ils font ce qu'ils font sans vraiment savoir pourquoi, et se débattent pour reprendre un semblant de contrôle sur ce qui les motive. Comme lancés en avant et en pleine inertie, leur trajectoire fluctue vers ce qui est peut-être le regret que j'ai par rapport au film : l'absence totale de rédemption. "Plutôt que ne de pas être celui que j'aurais du, autant n'être plus", serait probablement le sous-titre à lire sous le visage de chaque protagoniste. Au final il y a dans Bullhead une sorte de diagnostic de nos identités malades, qui transcende le cadre précis au sein duquel se déroule l'histoire.
IIILazarusIII
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le 28 févr. 2012

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