On parle rarement des affiches de films ce qui est dommage car elles sont souvent le premier lien entre le spectateur et le film. L’affiche de Bullhead exprime à merveille toute la bestialité du film et de son personnage principal, Jacky van Marsenille, incarné par un acteur jusqu’à l’heure méconnu, Matthias Schoenaerts. Photographiée de dos, l’imposante musculature semble nous dévoiler un troupeau de bœufs prêts à charger.


Dans la campagne flamande, un trafic d’hormones mêlent exploitants agricoles, mafia locale et vétérinaires. Suite à l’assassinat d’un policier enquêtant sur cette affaire, les mailles du filet se resserrent sur les personnes impliquées, dont Jacky van Marsenille, un colosse éleveur de bétail. Constamment hanté par ses vieux démons, Jacky ne parvient pas à trouver un équilibre dans sa vie et ne connaît que la violence comme exutoire. Preuve en est avec plusieurs séquences d’air boxing durant le film.


Matthias Schoenaerts semble habité par son rôle. Sa carrure impressionnante le fait cruellement ressembler à ses bœufs aux muscles saillants. Il partage d’ailleurs avec eux deux lourds secrets. Celui d’avoir un corps métamorphosé à la suite de quotidiennes injections d’hormones et celui d’une terrible mutilation. Une mutilation qui l’empêche d’approcher de la belle Lucia Schepers, cette fille qu’il aime secrètement depuis son enfance. Une frustration permanente qui entraine de fréquents accès de violence. Le regard empreint d’une profonde tristesse, la détresse de Jacky engendre de la compassion à son égard malgré des dérapages très graves comme un passage à tabac d’un jeune homme à la sortie d’une boîte de nuit.


L’intrigue est rapidement accaparée par le personnage de Jacky dont l’histoire est révélée à coup de flashbacks sur son enfance. Abordant d’autres sujets tels que la précarité du monde rural et la défiance entre flamands et wallons, l’ambiance de ce polar est efficacement servie par un paysage gris et peu avenant.


Pour son premier film, Michaël R. Roskam a sans aucun doute frappé très fort. Son second film, Quand vient la nuit, est d’ailleurs une belle confirmation du talent du réalisateur flamand ainsi que de l’acteur Matthias Schoenaerts. Un duo efficace qui, espérons-le, continuera à travailler ensemble sur de nombreux projets.

Vincent-Ruozzi
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le 24 avr. 2016

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