Autant dire que voilà typiquement le genre de film vers lequel je serai allé à reculons il y a encore peu. Mais la combinaison d’un intérêt nouveau pour l’aventure vintage et un amour immodéré pour Jean Peters m’ont conduit à embarquer pour l’Espagne en 1518 d’abord, l’expédition de Cortez aux Amériques ensuite.

Madre de dios, que j’ai bien fait !
L’histoire est non seulement passionnante mais exempte de bien des défauts liés à l’époque dans nos imaginaires amnésiques: le propos est humaniste mais pas monolithique. La famille du héros (Tyrone Power, que j’apprécie de plus en plus) a bâti son existence sur des principes forts qui la fera se dresser contre l’inquisition et ses dérives, quand bien même sa foi ne peut être mise en doute. Une ligne de conduite possible que s’il elle s’appuie sur un courage constant, et c’est cette voie que choisit ce fils avide d’aventures. Contraint de quitter l’Espagne (le grand méchant inquisiteur, peut-être seul personnage un tantinet too much), Pedro De Vargas va embarquer avec Cortez et son armada, sans oublier de prendre dans ses bagages son nouveau meilleur pote et la sublime Catana Perez (inutile de préciser le nom de l’actrice si vous avez bien tout suivi jusque là).

La reconstitution historique est riche, quasi entièrement en décors non seulement naturels mais aux endroits même où eut lieu l’expédition. Celle-ci, et c’est un point fort du film, n’est ni glorifiée ni condamnée. Cortez est brillamment interprété par un Cesar Romero rayonnant d’un entrain communicatif. Pour autant, les conséquences de ses actions ne sont pas éludées, à travers notamment la très belle amitié entre Pedro et le chef indien.

Côté Jean Peters, c’est du plain-pied. De la terrasse à colonnes. Du palais Castillan.
J’avais un peu peur qu’elle n’apparaisse trop peu à l’écran du fait de ce premier vrai premier rôle. Mais j’ai été vite rassuré. Rassasié. Subjugué.
Remplaçant Linda Darnell au pied (léger) levé, elle emplit d’entrée de jeu l’écran de son petit visage mutin et de ses yeux dévastateurs, et nous gratifie avec Tyrone d’un Fandago d’anthologie que je ne suis pas près d’oublier.
Même si sa prestation amoindrit la performance du héros. Car...
Un regard éperdu de Jean, et je faisais trois fois le tour du monde au fond d’une galère emplie d’esclaves revêches et de rats vindicatifs. Ou le contraire. Une seule de ses caresses, et j’acceptais de me plier aux sévices de la très sainte inquisition pendant deux ou trois décennies. Un moment de bête à deux dos tous les deux, et je soumettais un continent armé d’un cure-dent.
guyness
8
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le 2 nov. 2012

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guyness

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