Adapté très fidèlement de la pièce de Yasmina Reza, Polanski signe un film plus personnel qu'il n'en a l'air. La thème de la claustration, évoqué dans "Répulsion" ou "La jeune fille et la mort", voire "Ghost Writer", prend ici tout son sens, avec une lente descente aux enfers de deux couples qui se battent afin de savoir la responsabilité de leurs enfants à propos d'une brouille.
L'enfermement de quatre personnages, et les engueulades de plus en plus fortes, n'échappent pas au cabotinage, et il faut dire que Kate Winslet et (surtout) Jodie Foster s'en donnent à cœur joie en hurlant, vomissant, tapant, et encore une fois, Christoph Waltz s'en tire à merveille car de lui émane le cinquième personnage du film.
En effet, il est constamment greffé à son téléphone portable, car il joue un avocat en proie à une menace de procès due à un produit pharmaceutique. Durant les nombreuses joutes verbales de tel ou telle personne, celle-ci se voit interrompu par la sonnerie du portable, puis par la discussion qu'a le personnage de Waltz. Tout ceci, jusqu'à l'explosion de colère qui montre qu'on ne communique mieux que face à face.
Si le brio de Polanski n'est plus à prouver, l'endroit exigu qu'est l'appartement lui donne l'occasion de réussir de très bonnes scènes, il se perd parfois en longueur (malgré le durée relativement courte du film), notamment avec l'histoire du hamster, dont on sent qu'elle n'est là que pour relancer l'histoire, qui, au fond, est très basique.
Le réalisateur a aussi un très bonne idée, issue du théâtre, qu'est la porte de sortie ; le couple Waltz-Winslet quittera plusieurs fois l'appartement, et aux portes de l'ascenseur, retournera dans la demeure, un peu comme on verrait une entrée de champ et une sortie de champ.
Au final, ce petit théâtre de la comédie humaine révèle le côté faux-cul que l'on peut avoir, la déconstruction progressive d'un couple, et plus important, l'apparition du dieu du carnage quand tout va mal. Un "petit" Polanski, mais dont le sujet était évidemment fait pour lui.