Roman Polanski apprécie la déconstruction de l'Amérique. Il prend quelques éléments de ce qu'il pense être un élément définissant ceux qui la peuplent et puis s'amuse avec. "Chinatown", "Frantic" et ici ce "Carnage" de la famille.
Malgré tout ce film ressemble avant tout à un exercice de style. On prend quatre personnages, une mise en situation, un lieu et on laisse mijoter pendant une heure trente. Mais ça donne quoi au final ? Bah rien de bien transcendant. Si la sauce monte de manière très efficace, si les acteurs sont remarquables, si ce qui définit les personnages se dévoile peu à peu de façon très subtile et si la querelle de départ devient secondaire, au final on ne mange qu'un soufflé un peu retombé. Très rapidement il est clair que le sujet de la dispute est d'une banalité commune mais il s'agit surtout d'adultes qui s'approprient l'acte d'un enfant.
Et ça monte, et ça monte car après tout les adultes étudient ce fait divers comme un affront fait à leur croyance / morale / code de conduite. Ca, les adultes ne le supportent pas. Que le gamin qui se fait blesser par erreur soit un sale gosse n'est pas à prendre en compte dans leur discussion. Que le sujet de la dispute soit minime, les parents prennent cette agression tour à tour pour un accident, une attaque personnelle ou une juste rétribution faite au chef d'une bande. D'ailleurs la caméra se déplace dans la pièce en fonction de l'argumentation des parents. Et tous en viennent à oublier le véritable enjeu de leur rencontre (s'il y en a vraiment un) : est ce l'acte d'un enfant qui est jugé ou est ce la façon dont le perçoit les parents qui importe ?
Malheureusement, après cette petite heure trente de joutes, on en ressort sans autre vision que celle d'un môme qui frappe malencontreusement un autre avec un bâton sans le faire exprès, tout ça pour des conneries de cour de récré. Mais ça on le savait depuis le début. Alors quoi ? Polanski fait semblant de nous mener en bateau jusqu'au bout ? Ou tout simplement juge-t-il qu'un si grand règlement de compte ne sert qu'à attiser la frustration des parents victimes de leur (trop grande) réussite sociale / médiocrité / lâcheté / démagogie ? Pas de réponse et donc une fin qui tombe un petit peu à plat.