Le voilà, l'authentique classique du film de Ninja adapté du roman de Ryutaro Shiba, "Ninja hicho fukuro no shiro", remake du Owl's Castle de 1959 et repris bien plus tard en 1999, guerre secrète entre le clan Iga et le clan Koga, source fondatrice du culte Ninja et vrai bon film de Ninja tout court. Castle of owls est un gourmet pour l'amateur, où les ex-Samouraïs devenus espions sont passés maîtres de la discrétion, de l'action dans l'ombre, cultivant des méthodes de combat qui feront leur légende, comme se cacher sous la forme d'un rondin de bois, lancer des bombinettes à fumée et disparaître où se déplacer dans le silence le plus total. L'art de l'attaque furtive, c'est l'art du Shinobi, l'attaque à distance, cachée, tuer ou être tuer, peu importe les moyens mis en oeuvre, même les moins reluisants.

À l'image de l'acteur principal, Ryûtarô Ôtomo, le casting peut sembler froid et peu expressif mais c'est tout le propos du Ninja, cacher ses sentiments ou même ses positions, ne rester qu'un bras armé sans conscience. Histoire d'espionnage et d'assassinat fomenté par le pouvoir, où deux anciens frères d'armes, Juzo et Gohei, engagés pour leur intelligence stratégique et leur adresse à tuer, vont se retrouver opposés, Castle of owls développe et distille une véritable mystique fondatrice qui se retrouvera partout ensuite.

Les Ninjas Iga sont en voie d'extinction alors que les Toyotomis mènent tant bien que mal une période de paix au Japon. Une période bizarrement ressentie par les soldats qui deviennent pour beaucoup des mendiants faute de guerre. Juzo, ninja Iga sans équivalent, qui souhaitait venger la mort de ses parents exécutés par Hideyoshi, le maître des Toyotomis, est engagé beaucoup plus tard par un riche marchand d'armes pour assassiner le dit Hideyoshi, relançant ainsi sa vieille quête de vengeance. Gohei lui, est devenu un vassal du gouvernement qui annonce qu'il n'hésitera pas à se mettre sur la route de Juzo s'il le faut.

Histoire japonaise classique, simple et porteuse, deux conceptions de la noblesse guerrière s'opposent, Juzo qui va être poussé à s'interroger sur sa vie de haine et de guerre suite à sa rencontre avec Kohagi, une ninja Koga très expérimentée et mystérieuse, et Gohei l'ambitieux qui rêve simplement de s'élever socialement, peu troublé par sa jeune et belle Iga esseulée. Les deux questions sont donc de savoir si la liberté que l'expérimenté Juzo commence à entrevoir pourra s'accorder avec sa mission et si à l'opposé, l'ambition de Gohei le mènera dans les hautes sphères du pouvoir. Stratégie et noblesse se confrontent entre les deux hommes, respectueux l'un de l'autre et ce malgré leurs différents inconciliables.

Souvent filmé en longs plans larges, voire en plans-séquences, choses déjà étonnantes pour un film avec de l'action Ninja, Eiichi Kudo fait une nouvelle fois plaisir en esthétisant le moindre instant avec une caméra souvent éloignée ou cachant les visages, recouvrant le métrage d'une couche d'authenticité classique à la patine indéniablement charmeuse. Même les attaques à priori farfelues dégagent une mystique des plus classe. Sans doute un peu austère pour être facilement abordable, sans parler de grand art, on peut ici parler d'un des tout meilleur film de Ninjas existant, qui sait développer son propos sérieusement tout en s'accommodant de l'irréalisme propre au Ninja.

Ryûtarô Ôtomo campe LE Ninja, tout de noir, gueule carrée inamovible, mutique et fort comme un buffle en ballerines, la classe : http://tinyurl.com/o3wclo2
drélium
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le 4 févr. 2015

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drélium

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