Chronicle par Teklow13

Le film est réussi dans sa première partie. Car il ne raconte presque rien, ou plutôt il ne cherche pas un à viser un but narratif. Il se contente de montrer 3 ados qui découvrent qu’ils ont des supers pouvoirs mais qui ne savent pas vraiment comment s’en servir ni quoi en faire. C’est avant tout un teen movie et le film ne cherche alors pas à montrer autre chose que des ados qui découvrent leur corps , en tout cas l’un d’entre eux, Andrew, garçon timide, sans amis et à la vie familiale chaotique. La scène du début de la grotte humide et sombre (symbole archi utilisé dans le cinéma) est là pour souligner cette puberté et se « dépucelage ».
Le film est alors flottant, hésite entre l’innocence et la magie liée à la transformation de ces corps, et quelque chose du plus inquiétant. Entre l’utilisation des pouvoirs pour des conneries et des jeux d’ados ou à des fins plus agressives. Avec une magnifique conclusion qu’est cette scène où ils apprennent à voler. Et rarement on aura pu ressentir la liberté et l’extase d’un tel acte à travers ce ballet aérien.
Le film perd un peu de sa fraicheur et de son charme dans sa deuxième partie, réussie formellement mais bien plus classique et codifiée dans son approche psychologique et narrative. Dans une sorte de faux-remake de Carrie, Andrew va faire ressurgir toute la détresse et la haine qu’il a enfoui et va utiliser ses pouvoirs à mauvais escient.
Pour parler du procédé de mise en scène (faux film documentaire comme Cloverfield,…) il n'est ni vraiment utile ni tout à fait inutile. On peut penser qu’il se contente de surfer sur cette vague concept un peu fatigante mais il est intéressant par rapport au personnage d’Andrew et à son évolution. Cette caméra qui au départ ne lui sert qu’à filmer les autres, lui est exclu, en hors champ, ou présent qu’à travers son reflet pas très net, va, grâce à ce nouveau pouvoir, lui permettre de réinvestir le cadre et de se positionner au centre. Lui qui était à la marge, invisible, va se retrouver au centre de l’action, de la fiction par son propre désir. La chose la plus intéressante du film est peut être là. Dans cette caméra qui vole toute seule pour le filmer à lui et rien d’autre.