Le voilà : le meilleur film de Schumacher, Joel de son prénom! Oui, le réal' qui aime bien les plans estampillés tour de Pise! "Chute Libre" est un régal, total.
D-Fens pète un plomb aujourd'hui. Alors qu'il s'apprête à rendre visite à son ex-femme à l'occasion de l'anniversaire de sa fille, la société se met en travers de son chemin... Un embouteillage causé par des travaux, un épicier asiatique qui pratique des tarifs trop élevés sur des canettes de Coca-Cola, un gang de malfrats mexicains qui lui refuse le droit de circuler sur leur "territoire", un fast-food qui ne sert plus de Whamlette jambon fromage ni de Wham frites après onze heure trente (dépassée de quelques secondes seulement!)... suffiront à le faire sortir de ses gonds.
Servies par un Michael Douglas au sommet de son art, les frasques du personnage de William Foster font un bien fou, bien qu'elles soient démesurées. Il est toujours frustrant de devoir se plier à des règlements idiots (comme le fameux "Nous ne servons plus de petit-déjeuner à partir de 11h30"), ou de devoir se coltiner des travaux d'une infinie lenteur sur des routes vierges de toutes dégradations. A travers ce film, le spectateur se libère, autant que faire se peut, du poids de la société telle que nous la connaissons aujourd'hui encore, capitaliste, consumériste et stupide. Il exprime son mécontentement face à l'ahurissant prix de cette canette en aluminium en mettant le petit magasin de quartier à sac. Il démonte à coups de batte de baseball les petits délinquants qui se prennent pour des caïds. Il sort une mitraillette dans le fast-food pour tenter calmement de raisonner le directeur de celui-ci, et de se faire servir son petit-déjeuner... William Foster dans son périple met un terme à toutes ces fumisteries sociétales...
Face à Foster, il y a le détective Martin Prendergast, à une journée de son départ à la retraite. Cet officier de police est le seul du commissariat à sentir quelque chose d'énorme se tramer, lorsque le gentil petit épicier aux prix prohibitifs vient témoigner de ses malheurs. Prendergast n'aura pour seul indice que le fait que le suspect porte une chemise blanche et une cravate. Autant chercher une châtaigne sous un marronnier! Pourtant, malgré l'incompréhension de ses collègues, voire les moqueries, il persévérera. Bien lui fût, pour lui, comme pour nous. En effet, la mise en scène malicieuse de Joel Schumacher nous laissait penser que ce type à bout de nerfs, William Foster, était un individu lambda qui péta un coup trop fort (le spectateur s'attache même à cet homme, notamment par la prestation de Douglas) ; alors qu'en fait il est un homme dévasté psychologiquement, déséquilibré suite à la perte de son emploi et à l'échec de son mariage, et désormais reclus chez sa génitrice ("Dannyyyyy!").
Un scénario qui tient fort bien la route, un jeu d'acteur excellent (Michael Douglas évidemment, et Robert Duvall), une réalisation maligne et efficace suffisent à faire de "Chute Libre" un excellent film, exutoire magnifique pour les frustrés du quotidien. Attention cependant à ne pas reproduire les séquences relatées dans le long-métrage, sauf en cas de déséquilibre mental.
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