Dualité unilatérale

Tom Cruise, Jamie Foxx, ça sonne faux quelque part. Qui va être la face obscure? Tom Cruise avec un personnage assez ambigu au premier regard. Il sympathise avec Max( Jamie Foxx) qui l'escorte à bord de son taxi participant à ses contrats, indirectement, Vincent (Tom Cruise). Là où Tom Cruise est prétendument méchant il se montre ouvert, philosophe et amical avec Max.

Première couche d'un rôle complexe qui nous dévoile un Vincent justifiant son action avec la naïveté du pauvre Max, des arguments foireux qui ne permettent pas à notre humble chauffeur de taxi de se défaire de l'emprise du grisonnant. Seulement voilà, Jamie refait surface et attribut à notre chauffeur de taxi limité, mais besogneux, une ringardise intellectuelle, s'opposant d'abord mollement à Vincent avant de rouler des muscles et descendre un tueur expérimenté sans savoir tirer avec un flingue. Bon ok, on peut faire l'impasse mais il subsiste une variation due à l'image respective des deux acteurs principaux. À noter tout de même que Max a plusieurs fois la possibilité de s'enfuir, de s'échapper ou de le stopper, mais il ne le fait pas, la faute à une hésitation, à un sentiment de peur. Jusqu'à la fin, où les sentiments finalement se montrent être les vrais moteurs de l'intellect humain, décideur tout puissant de nos mouvements, passion et violence... Max a aussi une face obscure, c'est sa naïveté, son attente devant la tornade Vincent, et puis sa décision finale motivée par le ressenti, le sentiment.

Je mets tout de même un 7 car la qualité du jeu d'acteur est époustouflante, les personnages sont construits et concrets. Tout les acteurs puent le talent et aucun ne descend la qualité des autres.
La réalisation est magistrale, le style Mann reconnaissable entre tous inspire (comme un certain Winding Refn) l'essence du film aux nocturnes lumineuses se trouve ici, ou encore avec Miami Vice. Mais la conduite, les plans aériens, et les lumières font miroiter une espèce de divagation psyché aux allures de drames plus psychologique que mortel. Le lien avec l'histoire n'est pas si primordial. Vincent et Max étant le centre du conflit, les affaires à côtés révèlent, à travers leur banalités, que ce n'est pas là le principal but de l'histoire, mais la lutte entre deux hommes aux psychologies ancrées. La victoire du Bien avec Max étant limite frustrante par ailleurs.

Au niveau de la bande son toujours aussi remarquable de la part de Michael Mann. Drive n'en sera que plus inspiré. De même la cohésion entre le film et la musique est une sorte d'harmonie qui forme une ode à la nuit citadine, à la route. Road movie coercitif, la faute à un espace limité, mais qui prend les allures d'un apprentissage, non pas pour les acteurs mais pour la violence qui côtoie le rêve et se déroule durant votre sommeil. La révélation d'un monde parallèle que peu connaissent et qui finalement n'est pas le but du récit. Ce qui le rend d'autant plus anecdotique. C'est finalement la lutte de la conscience quotidienne d'un homme normal qui est imagée par le rapport de force entre un tueur et un chauffeur de taxi à la psychologie naïve.