Parfois la vie ressemble à une balle perdue... 

Dix ans après avoir secoué fermement ses spectateurs avec son film Calvaire, oeuvre multi-référentielle qui mettait en scène l'horreur de la captivité, Fabrice Du Welz nous revient cette année avec un polar ultra-burné : Colt 45. Tous à couvert, des projectiles violents non identifiés risquent de nous atterrir sur le coin de la gueule !

Le cinéaste belge Fabrice Du Welz a le don de nous intriguer au plus haut point, comme le prouve le visionnage de ses deux films précédents, Calvaire et Vinyan. Le premier alternait terreur à l'état pur et séquences surréalistes (notamment cette séquence de danse bizarroïde rappelant celle d'Un soir... Un train), tandis que le deuxième, plus sobre dans la forme, racontait le parcours jusqu'au bout de la folie d'un couple à la recherche de leur enfant perdu en Thaïlande lors d'un tsunami.
Changement radical d'univers avec Colt 45. Le fantastique laisse place à un réalisme brutal. Nous voici plongés dans une jungle urbaine où Vincent Milès, jeune policier champion de tir, subit le chantage de Milo Cardena, flic ripoux au passé obscur. Ce qui surprend, dans cette oeuvre âpre et tortueuse, est la force avec laquelle le destin frappe le personnage principal. A aucun moment Vincent ne pourra réellement effectuer un choix concernant sa propre vie. De manipulations en coups tordus, il sera victime de personnages retors et l'extrême violence qu'il pourra déployer pour tenter de s'en sortir ou juste se défouler – mention spéciale niveau catharsis pour les séquences finales, plaisir coupable garanti ! – sera systématiquement récupérée à des fins disons... « politiques ». « Dans le système moderne se noie l'individu... », chantait MC Solaar. Ce Nouveau Western qu'est Colt 45 dégaine sa noirceur plus vite que son ombre.

(cette critique est parue dans le bimestriel satirique liégeois "Le Poiscaille" en novembre-décembre 2014,
voir www.lepoiscaille.be )