L'ennui est une pandémie comme une autre

Un sujet prometteur, un casting de premier choix, en bref, un programme alléchant. Et pourtant, on en ressort assez insatisfait....

Bien sûr, le film bénéficie tout de même de quelques avantages.
Tout d'abord, de bons acteurs, quoique parfois sous exploités, les rôles principaux étant pour la plupart tenus par des comédiens moins captivants que les têtes d'affiche attendues.
On notera aussi les quelques scènes qui redonnent du relief à une action souvent noyée sous des tonnes d'explications dont la spécialisation terminologique frôle parfois l'hermétisme.
Enfin, la musique, simplement excellente, signée par Cliff Martinez, déjà à l'origine de la BO chef-d'oeuvresque de Drive.

Cependant, malgré une séquence d'ouverture parfaitement réussie qui parvient d'entrée de jeu à instaurer un climat d'angoisse et un rythme soutenu, cette course contre la montre ne fait qu'être esquissée.
Très vite, Soderbergh abandonne ses personnages au profit d'une immersion dans les hautes sphères médicales, et l'ennui s'installe inéluctablement. Vocabulaire incompréhensible, explications à n'en plus finir, manipulations et tractations visant à opprimer le peuple et favoriser les puissants.. La parabole politico-sociale est lourde, et l'intrigue perd de son dynamisme.
Pendant le film, on s'interroge sur deux points: pourquoi le personnage de Jude Law est-il affublé d'une dentition aussi horrible? Mais surtout, pourquoi le réalisateur, qui avait entre les mains une matière si dense, a préféré se disperser, et casser son effet de suspens en morcelant son action?

Mais ne soyons pas de mauvaise foi: malgré des ressorts scénaristiques parfois stupides (le personnage de Marion Cotillard "kidnappée" par des médecins hong kongais), le film gagne en légitimité grâce à l'ambiance de chaos et d'anarchie qu'il parvient tant bien que mal à installer, à travers de longs plans sur des rues désertes jonchées de déchets, mais également en montrant la violence des émeutes provoquées par cette situation d'urgence, et en insistant sur l'idée de dépeuplement grâce à plusieurs effets de mise en scène efficaces (villes qui se vident, bureaux désaffectés, accroissement alarmant du nombre de morts...).

Au final, ce film aux airs de fin du monde, qui s'appuie sur un scénario apocalyptique à l'image de La Route, ou plus récemment, de The Walking Dead, ne tient pas totalement ses promesses et laisse le spectateur sur sa faim, avec un dénouement plus que facile.
williamblake
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le 12 nov. 2011

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