Autant l’avouer tout de suite, je n’ai aucun goût particulier pour Joy Division. Pour être plus précis ce groupe m’indiffère copieusement, mais bon, tant qu’il ne me donne pas de l’urticaire, c’est déjà ça, je pensais donc pouvoir suivre le biopic de Ian Curtis sans trop souffrir en le prenant pour ce qu’il est supposé être, c’est à dire un film.

Après tout, le cinéma a proposé des palanquées de films passionnants à partir de sujets qui, à la base, n’étaient guère partis pour m’intéresser, c’est la magie de cet art, enfin, quand il sait raconter une histoire, bien sûr…

Ici pas d’histoire, c’est embêtant, Ian est un jeune con caricatural comme tous les jeunes cons caricaturaux, il se marie très jeune parce qu’il est déficient mental et chante dans un groupe, il fait un gosse et trompe sa poule, se découvre épileptique, tressaute deux ou trois fois au bout d’une corde et son groupe devient légendaire.

Du coup, la poule écrit un bouquin et coproduit une hagiofilmie pour rentabiliser sur le cadavre en décomposition, la vraie question étant, pourquoi regarder quelque chose d’aussi inutile…

On a demandé à un fan spécialisé dans le clip et les photos de rock de filmer le tout, histoire d’être certain qu’à aucun moment un enjeu réel intervienne, sans même parler d’un peu de recul et ça donne ça, en noir et blanc un peu moche, s’il vous plait, pour le côté arty…

Deux heures à regarder des ados débiles s’extasiant devant des concerts ineptes ou à s’intéresser aux peines de coeur de la veuve, mon Dieu comme je n’en ai rien à battre… Absolument que dalle sur le processus créatif, rien sur les autres membres du groupes, aucun personnage marquant, à part peut-être le manager qu’on reconnaît un peu à ses grosses lunettes, rien sur la temporalité pourtant importante du type qui crève à 23 ans, j’imagine qu’on est supposé tellement être en adoration devant le gamin qu’on nous fait avaler tout le reste sans même commencer par la vaseline.

A un moment, tout paraît tellement idiot qu’on se demande si c’est parce que c’est abominablement raconté ou si Ian Curtis est tous simplement le plus grand crétin de la planète et qu’il a bien fait de se pendre au plus vite afin d’espérer forcer la notoriété cultuelle qui va souvent avec…

Ou alors c’est juste un gosse d’une banalité affligeante et ce n’était pas le peine de nous emmerder aussi longtemps avec ça.

Pas d’histoire, pas de rythme, pas de personnages, juste des cadrages… Or, s’il est toujours nuisible de négliger le cadre au cinéma il est bien entendu aussi qu’on ne peut aucunement faire un film uniquement à partir de cadrages un peu soignés…

Alors il y a l’acteur principal, il a parfaitement la tête à claques qui convient au rôle, c’est tout ce que je peux dire pour sa défense, il promène son corps effilé et maladif sous un visage efféminé pendant tout le film en se prenant probablement trop au sérieux, ce qui lui fait un point commun avec le gamin qu’il incarne, un pauvre garçon, faible, un peu lâche, mais surtout ennuyeux à en crever.

Pour ma part, écrasé par la pesanteur de l'ensemble, je ne savais que faire pour passer le temps, du coup, j’ai eu le malheur de me concentrer un peu sur les textes des chansons du groupe, ce qui n’est jamais une bonne idée à moins d’avoir le cœur à rire bien sûr, mais, après quelques heures de cette purge c'était loin d’être mon envie première.

Et puis de toute façon, faut pas se moquer des morts, ce n’est pas très gentil.

Surtout des petits pénibles handicapés, c’est trop cruel.
Torpenn
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le 4 août 2013

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Torpenn

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