Dans la maison par pilyen
Je suis un grand fan du cinéma de François Ozon. je suis de ceux qui courent dès le premier jour découvrir en salle le cru de l'année.
Cette année, malgré une bande annonce pas vraiment emballante, la cuvée promettait d'être exceptionnelle à en croire une presse bobo (Le Monde, Télérama, les Inrocks, ...) totalement enthousiaste. Là, j'ai un peu tiqué... D'habitude Ozon n'a pas tout à fait le ticket avec eux. L'âge venant, serait-il passé enfin dans la catégorie des grands intouchables ? Je le dis d'emblée, cette presse ne rend pas service au film car "le petit chef d'oeuvre troublant" promis par Télérama m'a, hélas, paru bien fade par rapport au désir suscité par le critique de ce journal. Si j'avais du écrire ce billet sitôt sorti de la salle de ciné, je l'aurai massacré. Après une nuit de réflexion, je suis plus partagé, tout en étant certain que c'est loin d'être le meilleur film du réalisateur.
Pour ceux qui n'auraient pas allumer radio et télé ni lu leur presse habituelle, c'est l'histoire d'un prof ( Fabrice Luchini) qui devient le pygmalion en écriture d'un élève doué pour l'intrigue et obsédé par la famille de son meilleur ami. Sérieusement ébranlé par les écrits du jeune homme, le prof va déclencher malgré lui une machine infernale qu'il aura bien du mal à stopper.
Je pense avoir vu ce que François Ozon a voulu faire avec cette histoire : un jeu subtil, habile et machiavélique avec le spectateur, où fiction et réalité sont censées se mélanger, se répondre, s'enrichir l'une de l'autre avec une touche de suspens et de de perversion. A cela, il faut ajouter les thèmes chers au réalisateur : la satire de la bourgeoisie et de la classe moyenne, la sexualité trouble, la domination ainsi qu'un regard ironique sur la création artistique. C'est beaucoup pour un seul film, surtout avec un scénario qui, à mon avis, ne tient pas la route.
Car, il faut bien l'avouer, je me suis un peu ennuyé durant les lectures en voix off des textes du jeune héros qui décrivent exactement ce qui se passe à l'écran. Cette redondance alourdit la narration et empêche d'en apprécier les subtilités et les nombreux clins d'oeil. Et quand l'histoire s'emballe un peu vers la fin, on n'y croit plus beaucoup. Le sulfureux soufflé espéré se transforme en quatre quart pouffant. François Ozon semble reculer devant son intrigue à la "Théorème" de Pasolini, renonçant à bousculer complètement l'ordre établi et préférant un dénouement consensuel un peu mou auquel il nous avait peu habitué jusque là.
Un peu plus sur le blog.