Viens chez moi, j'habite chez la voisine.
Etrange expérience que celle proposée par Ozon.
Techniquement, l'entrée en matière est parfaite : atmosphère pesante où chaque personnage semble cacher davantage qu'il ne montre, dialogues à double-tranchant, mise en place d'une intrigue qui promet un jeu de pouvoir passionnant basé sur l'intellect.
Mais ce jeu a fini par me lasser pour la bonne et simple raison que, malgré le jeu impeccable des acteurs et la réalisations sans faille d'Ozon, le scénario me paraît s'émousser à mesure que le film avance.
Si j'ai pris un réel plaisir à analyser les joutes verbales souvent subtiles entre élève et professeur - qui oscillent toujours entre rôle de la littérature et apprentissage / sources d'inspiration et voyeurisme / fiction et réalité - le film devient cependant nettement moins intéressant lorsque l'élève finit par vouloir tout détruire autour de lui.
Quand l'élève veut être celui qui donne les leçons à tout le monde, l'agréable subtilité du début de film s'évapore peu à peu pour faire du personnage "le pauvre petit qui a une enfance difficile et qui veut prendre sa revanche sur la vie pour montrer qu'il ne doit rien à personne et qu'il est le meilleur."
Alors c'est certes le propos du film de montrer que la vie, comme la littérature, sont affaires de nuances et qu'il est plus simple de faire du mal (ou d'écrire un mauvais roman) que d'apprendre sans cesse pour réussir sa vie (ou d'écrire un bon roman), mais j'ai trouvé le procédé un peu trop simpliste, surtout pour un film qui avait si bien démarré.