Dans la maison par LeSuricateMag
Germain (Fabrice Luchini) est prof de lettres dans un Lycée. Un peu blasé, il se découvre une passion pour le jeu de piste littéraire qu’un de ses élèves doués, Claude (Ernst Umhauer), initie avec la première rédaction de l’année. Sous ses yeux, l’élève explique comment il entre dans l’intimité de la maison d’un camarade de classe, mêlant vérité, rêve et fantasme. Comment il découvre une famille normale, ses odeurs, ses paroles, ses habitudes... Pris par le jeu, Germain outrepasse les limites, volant des questions d’examens pour les échanger contre les feuillets. Et ce malgré les mises en garde de son épouse, Jeanne (Kristin Scott Thomas).
Le récit est passionnant, on devient, tel Germain, accro à ce récit en voix off, modifié selon les conseils du coach littéraire improvisé ou selon la perception qu’a Claude des attentes de son professeur. C’est un jeu de dupes, un jeu où chacun projette ses attentes et ses frustrations : celles d’un homme qui rêvait de vivre de sa plume et finit sa carrière ignoré, celles des émois d’un adolescent face à la jolie et jeune mère d’un condisciple. Plusieurs scènes sont carrément comiques, les répliques fusent et le rire est présent mais on demeure comme un voyeur, avec parfois le côté malsain qui surgit. L’impression évidente de la manipulation et de la dépendance.
La direction d’acteurs est tout à fait remarquable, chacun est d’une justesse totale pour servir ce film entre imagination et réalité.
Malheureusement, le film présente deux gros défauts sur la fin. D’abord il s’étire, il dure un bon 10 à 15 min de trop. Et puis le final en basse vengeance chasse l’émotion initiale, celle d’avoir un huis clos dans l’esprit du Cercle des poètes disparus. Et le soufflé s’écroule.
François Ozon a beaucoup fait parler de lui avec des films comme 8 femmes (2002) ou Potiche (2010) (déjà avec Fabrice Luchini). Ce film est son 14eme long métrage sur nos écrans.
Véronique de Laet