Continuez à nous surprendre M. Astier...
Que ça faisait longtemps que je n'étais pas retourné au cinéma pour voir un film français. Sans anti-communautarisme particulier, j'avoue avoir une fâcheuse tendance à aller à reculons aux projections françaises. L'apogée du film français n'est plus, et ce dernier a du mal à ce recycler. Cependant, j'ai fait une exception dernièrement pour David et Madame Hansen (Bergmann).
J'avoue avoir toujours du mal à mettre en mots l'impression générale du film, non pas qu'il soit indigeste, mais je dirais que c'est un petit peu mon "ocni" de la rentrée ; entendez par là "Oeuvre Cinématographique Non Identifiée".
Premièrement, et c'est important de le souligner, la quasi totalité des personnes assistant à la projection ne parlaient que du réalisateur avant d'assister à la séance. De mémoire de jeune cinéphile, je ne sais pas si j'ai déjà vu pareil engouement envers un réalisateur, qui plus est pour son premier film. Quand l'histoire passe après le point de vue, la subjectivité de la caméra et par prolongement de son auteur, que l'on va au cinéma pour quelqu'un et non pour quelque chose, le rapport au sujet s'en trouve modifié. Au delà donc du sujet même, j'ai accordé une importance toute particulière à la réalisation, à la musique, au scénario ainsi qu'aux dialogues. Bref voir comment M. Astier s'en sort avec un autre format que les formats courts de M6 ou le format "théâtre", entendez par là acté et chapitré de la saison 6.
Il en ressort un film curieusement très minimaliste, où l'on laisse place au visuel, de manière sobre, sans fioritures ni effets de style non maîtrisés. Alexandre Astier s'est fait plaisir, dans le sens où même si cinématographiquement ce n'est pas le plus expert, il n'a pas cherché à se complaire dans du déjà fait, dans une réalisation préconçue. Il rompt de ce fait avec l'habitude du spectateur, qui de ce fait, réapprend à voir un autre cinéma.
Musicalement parlant pas de grandes surprises, même si réécouter du Astier fait toujours plaisir. Cependant, certains passages étaient assez troublant du fait de la présence un peu trop envahissante de la musique, et d'autres de leur absence complète de fond sonore. Comme si en plus de l'adaptation visuelle d'une réalisation minimaliste, notre oreille elle aussi devait s'acclimater à une nouvelle expérience auditive.
Alexandre Astier nous révèlera que l'idée originale du film vient d'un documentaire allemand intitulé "Une journée disparue dans le sac à main". Adaptation oui, mais réel effort scénaristique avec une évolution des personnages assez intéressante. Les personnages sont beaucoup moins "stéréotypés" que dans son précédent exercice télévisuel (Kaamelott), et les acteurs sont impressionnant de justesse. Isabelle Adjani est méconnaissable en Mme Hansen : boulversante dans ses moments d'absence, espiègle, imprévisible, elle métamorphose son personnage tout au long de l'histoire.
Mention spéciale aux dialogues, où la patte Astier fait des merveilles. Entre les vannes, les tics, les onomatopées, et autres subtilités de la langue français qu'Alexandre maîtrise précisément, aucun spectateur n'en perd une miette, riant même de bon cœur.
Alexandre Astier voulait sortir des sentiers battus, explorer de nouveaux horizons, être là où l'on ne l'attend pas. C'est réussi avec ce film intrigant de prime abord, mais au demeurant émouvant, drôle et prenant. Déroutant de prime abord, cet "essai" cinématographique est un pari réussi.