**Attention : le texte suivant ne révèle rien d'important qu'on ne sache déjà, mais contient tout de même un petit spoil**

Aux vues de la tête d'affiche prometteuse (le héros du génial "Bullhead" en prime) et de l'ovation cannoise auquel le film a eu droit, c'est avec enthousiasme que je suis allé voir "De rouille et d'os". Je m'attendais à en sortir bouleversé, mais je n'ai pas pu m'empêcher d'être déçu...

Certes, les acteurs sont bons, Marion Cotillard comme Matthias Schoenaerts, ainsi que le jeune garçon (qui joue le fils de Schoenaerts). Ils se montrent tous trois très convaincants.
Pour le reste, le film dans son ensemble manque cruellement de subtilité : pour je ne sais quelle raison, Audiard ne laisse aucune liberté d'interprétation au spectateur et se sent apparemment obligé de souligner lourdement chacun de ses propos. Ainsi, lorsqu'après le drame, l'héroïne se sent terriblement seule face à sa douleur, comme coupée du reste du monde, le réalisateur fait alors un long contrechamp sur toutes sortes de femmes en mini jupe qui dansent sur la piste d'une boîte de nuit avant de faire un raccord sur une Marion Cotlillard plus déprimée que jamais pour bien appuyer le message qu'il cherche à faire passer... Et le cinéaste réitère le procédé à plusieurs reprises !

Par ailleurs, moi qui m'attendais à pleurer, je n'ai pas versé une larme.... L'émotion n'était pas au rendez-vous.

De surcroît, trop de catastrophes tuent le propos : la protagoniste perd ses jambes, la soeur du héros se fait licencier, son fils manque de se noyer, sans oublier que le héros lui-même, (qui est boxeur à ses heures perdues), se brise les os de la main, ce qui entrave fortement ses chances de réussite dans le métier... Bref, trop c'est trop !

On peut également reprocher à Audiard d'avoir fait la part belle au social en intégrant au récit des histoires de syndicats, d'espionnage abusif et de licenciements, le tout au détriment de la profondeur des personnages et des sentiments qui les unissent.

Enfin, à force d'en montrer plus qu'il n'en faut, Audiard finit par introduire trop de lisibilité dans son propos. En somme, le film manque vraiment de finesse, au point que même l'histoire d'amour nous laisse plus ou moins insensible.

Au final, restent certains plans originaux, une mise en scène parfois inventive, une bonne direction d'acteurs, et quelques scènes poignantes (notamment celles des combats clandestins et de la "noyade" du garçonnet, particulièrement intense, même si malheureusement, là encore, on anticipe le drame).
Pas une perte de temps donc, mais beaucoup de bruit pour pas grand chose !
williamblake
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le 23 mai 2012

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williamblake

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