Notez que j'ai rien contre les téléfilms. Plus jeune ils m'ont sauvés de nombreux après midi de grippe, gastro ou autre maladie à la con. A cette époque, le cinéma était moins accessible et on regardait Derrick, l'oeil maussade sur un écran pourri aux couleurs saturées (en tout cas, quand on allait au cinéma, on savait pourquoi). A la fin du visionnage de ce De rouille et d'os, j'étais content de pas être allé au cinéma pour le voir. Un écran cathodique miniature avec un bon 39°5 m'aurait peut-être fait l’apprécier un peu plus.

Sans risque dans son thème, Audiard va nous dérouler le tapis d'une histoire d'amour sans grand intérêt entre deux personnes que tout oppose. Thème déjà repris, usé et utilisé plus ou moins efficacement dans de multiples œuvres du septième art. Les deux protagonistes sont caricaturaux à l’accès, filmés dans des actions quotidiennes absolument pas crédibles alternant péniblement de l'un à l'autre jusqu'à ce qu'ils se rejoignent enfin. Ceci étant amené d'une façon aussi subtile qu'un chien-loup dans un poulailler. Bref, un coup de fil les fait se rencontrer à nouveau. Pourquoi elle appelle ce type qui est finalement un inconnu ? Je sais pas, c'était peut-être expliqué quand j'ai somnolé... Certains s'extasieront devant ce « choc des cultures », moi j'appellerais plus ça le choc des … des je sais pas...on s'en fout. Je ne me suis accroché ni à l'un, ni à l'autre et leur histoire d'amour, je m'en suis tamponné jusqu'au bout et rien que d'y penser j'en ai la mâchoire qui se décroche en baillant.
Lui, il est bête, pauvre et sans une once d'humanité ; il deviendra génial. Elle, elle est intelligente, riche et super proche des gens, tu vois ; elle deviendra rien de plus.
Au final on apprendra que les bad boys sont pas si méchant que ça en vrai, toussa, toussa, bref, c'est caricatural à pleurer. Le défaut de ce film est d'être ultra rigoriste, comme si les racailles étaient 100% racailles et que les bourges étaient 100% bourges et que c'était immuable. Exit la complexité de la vraie vie, les tenants, les aboutissants, le vécu, Darwin... rien à foutre, mais tout va changer grâce à la force de l'amûûûûr. C'est beau m' voyez, en plus on va distiller la sinistre pauvreté de familles à la ramasse socialement à travers des scènes ultra touchante avec des yaourts périmés dedans. Mmmh, que c'est original et génial.

Le film est truffé de maladresses de réalisation du genre, des ralentis à gaver, une caméra avec des ailes, un cameraman myope obligé de filmer de trop nombreux gros plans à travers lesquels on ne voit finalement rien. On a parfois l'impression d'être coincé entre un documentaire M6 sur « la précarité des gens qui pourtant travaillent nom de nom » et un téléfilm Français dans lequel Columbo tomberait amoureux d'une repris de justice. A tout moment, je m'attendais à voir surgir Mimie Mattie ou Julie Lescault tant ce film m'a fait penser à un téléfilm des années 80. On copie de l'Américain pour faire moins bien qu'un film Hollywood et moins bien aussi qu'un film art et essai. Du coup, c'est moins bien en tout et ça a le cul entre deux chaises. Ca n'assume aucun des deux côté et passe complètement à côté de la plaque.

Un désastre, selon moi. Et comme pour moi, y'a que mon avis qui compte...

Remarque, ma femme a adoré et j'arrive pas à lui en vouloir, elle a jamais vu « Joséphine, Ange gardien »...
villou
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le 5 déc. 2013

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villou

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