"I wouldn't trust no words written down on no piece of paper"

"I wouldn't trust no words written down on no piece of paper, you're just as likely to find your own grave"

On est ici face à deux voyages, le premier sert d'introduction, le second est le corps du film.

Dans le premier voyage, on alterne les visions internes et externes du train qui chemine vers les profondeurs de l'ouest, présenté comme un voyage presque vers les profondeurs de la Terre où l'homme se rapproche de la bête, vers la mort, en Enfer. Le tout se fait via une alternance des passagers (ces derniers étant de moins en moins civilisés) qui côtoient notre comptable dubitatif et inquiet et grâce à un personnage presque homérique et plein de suie qui a presque un rôle de narrateur, introduit le coté surréaliste qui caractérisera l'ensemble du film à travers son discours, son comportement et la scène des bisons ...

Une fois plus ou moins avertie par ces premières scènes, nous descendons du train pour traverser une ville (à la symbolique trop marquée) qui est notre première étape de ce que je caractériserai comme la lente traversée d'un couloir de prairie bordée par de nombreux portraits caricaturaux, symboliques et caractéristiques : notre voyage avec cet homme mort, par hasard, et poursuivie, par excès, se fait par le cheminement et la rencontre de personnages qui sont toujours dans l'exagération qui nous marquent en même temps qu'il change le héros, lui même patronné dans son cheminement vers l'autre coté du miroir par l'indien Nobody (no body, le pur esprit le guidant dans l'au delà, personne) dont la parfaite connaissance de la poésie de William Blake lui permet de répondre aux vilains blancs qui veulent lui donner des couvertures infectées ...

Ainsi nous sommes accompagnées par la guitare de Neil Young qui (m'a-t-on dit) a improvisé la bo en voyant au fur et à mesure le film : ça se voit, l'idée est bonne mais on sent toujours l'hésitation du guitariste qui a peur de couper certains dialogues, qui se bornent dans une répétition agréable et légèrement psychédélique mais qui ne nous aide pas vraiment à décoller. L'alternance de certains plans ne m'a pas vraiment conquis malgré la recherche poussée d'une certaine esthétique, de même pour les gros plans sur les visages qui reviennent régulièrement ...

On a donc un film très typé par son atmosphère, la (grosse) patte du réalisateur et ces personnages qui jalonnent ce voyage, mieux vaut être prévenu avant de prendre vos tickets pour ce western poétique et surréaliste ...
Cmd
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Cette scène m'a tué

Créée

le 26 avr. 2012

Modifiée

le 30 août 2012

Critique lue 441 fois

3 j'aime

Cmd

Écrit par

Critique lue 441 fois

3

D'autres avis sur Dead Man

Dead Man
Hypérion
9

Chamanique...

Dead Man, c'est un western halluciné, une échappée mystique et destructrice d'un pauvre comptable (Johnny Depp) brusquement propulsé dans le monde sauvage du far (far) west. Le far west intriguant,...

le 27 avr. 2011

109 j'aime

2

Dead Man
Gand-Alf
9

Road to nowhere.

Quelques petites années après le chant funèbre orchestré par Clint Eastwood par le biais du magnifique "Unforgiven", Jim Jarmusch donne à son tour sa vision toute personnelle du western, sorte de...

le 12 sept. 2014

89 j'aime

Dead Man
Mil-Feux
10

« Il est préférable de ne pas voyager avec un mort »

Un pied devant l'autre, il s'agira de descendre du train sans trébucher, puis d'avancer à travers les nuances de l'un des bouts du monde, entre tradition et modernité, vers les derniers bras tendus —...

le 3 janv. 2016

76 j'aime

4

Du même critique

Gravity
Cmd
6

Il est temps de redescendre sur Terre.

Qu'est-ce que ça fait du bien de voir du mouvement, de voir des crachats et des poings levés, que c'est agréable de voir certains agiter les fourches tandis que d'autres brandissent des banderoles...

Par

le 27 oct. 2013

66 j'aime

13

La Reine des Neiges
Cmd
8

Reine sereine, Sven ce renne

Malgré un coté comédie musicale un peu appuyé (trop par instant même si globalement les musiques et chansons sont cool), je me suis retrouvé sur le cul dès cette intro, devant ces coupeurs de glace...

Par

le 27 nov. 2013

56 j'aime

8

La Folle Journée de Ferris Bueller
Cmd
8

Sauvez Ferris Bueller ! Regardez ce film.

Ferris Bueller aurait pu être une sale tête à claque, ses petites combines, ses caprices, son culot et son ton condescendant pourraient vous donner une mauvaise idée de sa personne. Son meilleur pote...

Par

le 19 août 2013

51 j'aime

3