Ce qui sépare la folie du génie, ne se mesure qu’à l’aune du succès.

Et hop ! C'est reparti pour un tour ! Suite au succès fulgurant de Goldeneye, les studios se sont carrément mis la pression pour que le nouvel épisode soit aussi phénoménal que le précédent film. Ils n'avaient pas du tout envie de connaître une nouvelle dégradation discrète de la franchise comme on l'a connue pendant l'ère de Roger Moore. Malheureusement, je ne vois pas comment ils pourraient mettre en œuvre une mission aussi distractive que Goldeneye, le succès venait surtout du travail très soigné du réalisation Martin Campbell qui, malheureusement pour les producteurs, n'a pas voulu continuer l'aventure.

Difficile de réaliser le même exploit cinématographique quand toutes les conditions ne sont pas réunies, surtout avec le décès d'Albert R.Broccoli qui n'a certainement pas arrangé les choses entre-temps. Bon ! Quel est mon avis sur les nouvelles péripéties du célèbre agent britannique ? En découvrant avec curiosité la scène d'introduction qui envoie bien du lourd, on découvre un style visuel où l'action va être bien plus explosive que celle des précédents épisodes. De mon point vue, je dirais que ce genre de changement est normal puisque c'est un peu la norme du genre, mais je peux comprendre que cela peut déranger des fans de l'univers.

Personnellement, ce qui m'a le plus dérangé dans cet épisode est l'impression d'avoir vu un sérieux pompage des précédents films. On note énormément de similitudes de plusieurs précédentes missions comme un risque de conflit entre deux nations, des fouilles aquatiques, une disparition d'un bâtiment de guerre ou une base flottante pour une scène finale. D'après ce que j'ai entendu, cette mission n'est pas une adaptation d'un des romans d'Ian Fleming, tout a été inventé. Cela dit ! On est dans un vrai contexte d'espionnage et la manière comment ce film est raconté est solide pour faire plonger d'une grande facilité le public dans une série de péripéties fort intrigante.

De plus, on peut remarquer plusieurs bonnes choses. On peut citer par exemple l'interprétation magistrale de Pierce Brosnan dans la peau du rôle vedette, toujours aussi charismatique à voir, toujours aussi juste dans son jeu d'acteur et toujours aussi performant pour animer des scènes fort mouvementées. Jonathan Pryce campe un antagoniste assez inhabituel. Il est un peu trop dans la caricature et un peu trop dans le zèle à mon goût mais étrangement, je le trouve très intéressant et il faut reconnaître qu'il joue un méchant assez original. Avec ce dernier, on peut remarquer la présence d'un convaincant Götz Otto dans un rôle de bras droit.

Avec sa grande taille évidente et sa belle gueule allemande, il anime un grand gaillard bien robuste et définit parfaitement l'image d'un homme fait pour exercer son emploi. Un vrai plaisir de retrouver les personnages typiques de la franchise comme Q et M, toujours aussi bien joués par Desmond Llewelyn et Judi Dench. Je trouve que cette dernière a un rôle plus défini que celui du précédent épisode. Elle dévoile bien sa supériorité et affirme avec efficacité son raisonnement féminin avec de belles répliques comme celle-ci : Peut-être pas. Mais c’est mieux que d’avoir tout dans la culotte et rien dans la cervelle. C'est un peu pareil avec Q pendant des moments drolatiques comme celui où il liste minutieusement toutes les options d'assurance de la BMW.

Du côté des James Bond Girls, on a une énorme et agréable surprise sur ce point. Michelle Yeoh, l'actrice considérée comme la version féminine de Jackie Chan, casse littéralement l'image de la partenaire féminine en nous offrant un lot impensable de scènes d'arts martiaux très bien chorégraphiés. Ce genre de femme marque presque autant les esprits que celle de la machiavélique Xenia Onatopp dans Goldeneye. Quant à Teri Hatcher ? Bah....Je crois qu'elle n'avait rien à foutre de son rôle. Elle était juste là pour répondre à un des fantasmes de son mari.

Sans l'expertise et le savoir professionnel de Martin Campbell, il est tout à fait évident que Roger Spottiswoode ne pouvait pas accomplir le même prodige que celui de l'excellent Goldeneye. Néanmoins, il a bien raconté la mission, on sent bien qu'il y a un minimum de professionnalisme dans la mise en scène et c'est un artiste qui a l'air d'avoir bien pris soin du projet, comme s'il savait réellement dans quoi il était embarqué. Les scènes d'action sont particulièrement excellentes, surtout les courses-poursuites. Oui ! Encore une fois, la franchise donne une nouvelle définition de ce genre de scène. Le ballet des voitures dans le parking est assez hallucinant à voir et celle de la moto est particulièrement bien maîtrisée pour rester attentif aux moindres gestes.

En conclusion, je ne suis pas autant séduit que je l'étais devant Goldeneye mais cette mission m'a bien satisfait dans l'ensemble. Que ce soit dans la technique ou dans le visuel, c'est presque du tout bon, cette mission génère redoutablement une atmosphère exemplaire et un charme qui m'ont fort étonné, ce qui fait de cet épisode un de mes préférés de la franchise avec également le film On ne vit que deux fois avec Sean Connery. 8/10

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• C’est donc ça qui m’échappait depuis si longtemps !